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    148

    5089. 1641 maart 6. Van C. Marin.1

    Monsieur,

    J'appren[s] mal volontiers par vos dernières du 19 finissant2 la désunion qui est entre le roy d'Angleterre et son parlement. Aussy en ay-je tousjours doubte, craignant que ces messieurs n'oultrepassent les bornes de leur devoir envers son roy qui prétend estre absolu en son royaume.

    Ceste réformation à la façon des églises de France ne me pleut non plus, puisqu'il est certain que l'ordre des évesques est de l'ancienne institution de l'église greque, et si alors il a esté trouvé bon, quand les hommes estoyent plus de bien, tant plus est-il nécessaire qu'on le restablisse en nostre temps, où toute sorte de vices sont en vogue; et les ministres ont autant de besoing de l'inspection que les autres. Mais il faut que ce soyent des esvêques de sainte vie et qui se contentent d'un raisonable revenu com[m]e on a faict en Boïme, Moravie et Poulogne. Je désire certes que beaucoup de choses entre nos réformés fussent restablis com[m]e elles ont esté anciennement en toute la chrestieneté, mais sans un concile général je ne voy pas qu'on y puisse remédier. Cependant la bigoterie des romanistes multiplie l'athéisme, et le libertinisme maintient les protestans dans le desbauche d'une vie effreinée, puisqu'ils ne se flattent que trop de la grâce de nostre Seigneur, que plusieurs néantmoins parmy eux ne sentent que par une pure imagination d'une foy sans oeuvres.

    Nos Suisses sont à Bade3 et nous verrons bientost ce qu'ils y auront conclu. Quelques-uns des nostres projettent que Costance et Genève soyent incorporés au corps Helvétique, croyans que par ce moyen ces deux places seront hors de danger. Mais il y aura à dire là-dessus. Si l'armée Françoise viendra en Suabe, il pourra estre que les bons Grisons prendront quelque résolutions en nostre faveur, car le capitaine Rhon4 qui en est retourné icy me dit que le peuple y est fort bien affectionné à la France, et plusiours des chefs voyans l'Espagne sur le déclin n'oseront pas s'y opposer, mais diront com[m]e jadis disoit le feu duc de Savoye:5 ‘Sono stato ghibellino et hora son ghuelfo; come va il vento, così volto il mantello.’

    J'appren[s] que la reine d'Angleterre a escrit de sa propre main au cardinal Barberini pour le prest de 500 m. escus,6 ce qui me fait doubter qu'il y a une grande mesfiance entre elle et le peuple d' Angleterre, qui ne veut plus boursiller pour l'entretien de M. sa mère.7

    Pour mon particulier je souhaitterois que M. Heuf8 m'assistât par avance de 200 dalers, car je vous proteste devant Dieu, que je rencontre de telles difficultés à trouver icy de l'argent que j'ay honte d'en parler, ayant tant de fois manqué à ceux ausquels je dois desjà plus que mes arrière-gages9 portent et qui ont bien suject de dire: ‘Lo que con los ojos veo, con el dedo lo adettino [sic].’ Cecy a causé en bonne part l'avortement à ma femme l'année passée, et Dieu luy face la grâce qu'elle se puisse despêcher de ses couchées qu'elle fera ce mois de Juin prochain avec plus de bonheur.

    149

    Je me recom[m]ande à vos bonnes grâces et demeure passionnément, monsieur,

    vostre serviteur très-obligé
    C. Marin mp.

    De Zurig, ce 24 de Febvr. l'an 1641.

     

    M. Banier se tient encor auprès du Danube. Les Turcs ont fait un terrible ravage en Ungrie en ayant amené plus de trois mille chrestiens.

    Je vous reccommande la lettre pour M. Spiering.10

    Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 21 Mars.

    En in dorso: 24 Febr. 1641 Marin.

    Notes



    1 - Hs. Den Haag, ARA. Eerste afd., coll. Hugo de Gr. Aanw. 1911 XXIII no. 9, 210. Eigenh. oorspr. Bij de brief behoort wellicht bijlage no. 13.
    2 - Grotius' brieven aan Marin van 1641 ontbreken.
    3 - Te Baden werd tussen 3 en 9 maart een landdag gehouden.
    4 - Hans (Johann) Jakob Rahn (no. 5050 n. 4).
    5 - Carlo Emanuele I (1562-1630) of zijn zoon Vittorio Amedeo (1587-1637).
    6 - Henriette Marie had Francesco Barberini herhaaldelijk om een geldlening verzocht. Dit nieuwsbericht zal Marin uit Rome of Venetië ontvangen hebben; vgl. CSP Ven. 1640-1642, p. 117.
    7 - Maria de' Medici; haar toelage was door het Engelse parlement ingetrokken.
    8 - Johan Hoeufft, bankier te Parijs (no. 5015 n. 3).
    9 - In het hs.: arrierere gages.
    10 - Petter Spiring Silvercrona (no. 5000 n. 1); zie ook no. 5082, postscriptum. In het hs. is het voorafgaande ‘la’ herhaald.