Monsieur,
Le voyage du roy2 vers la Catalogne fait que vos postes de Paris n'arrivent à temps à Lyon et partant me font priver de vos lettres, dont celle du 1/11 courrant ne m'a esté rendue qu'avant peu de jours.
En Italie on publie le mauvais estat des François dans le Roussillon et la Catalogne, et si ce bruit est veritable, monsieur le cardinal fait tres bien d'y tourner ses forces et prevenir que ceste guerre-là ne retombe sur la France. Quelques-uns confirment la desfaite de 4 regimens de l'armée du Piccolomini,3 ce que Dieu veuille, car le bruit n'est pas trop bon de l'estat de nostre armée.
Je vous envoye cy-jointes lettres ouvertes4 et vous supplie de presser monsieur le baron Ochsenstirn5 qu'il m'assiste de quelque argent pendant qu'on delibere sur la perfection de mon change. Car autrement je ne sçaurois plus subsister icy que jusques aux Pasques, ne pouvant nullement disposer mes creanciers qu'ils m'assistent de plus d'argent, et si Dieu me fait la grace de vous baiser les mains en passant par Paris, vous vous estonnerez de ce que j'ay paty en ceste charge durant neuf ans.
Dieu m'en delivre par sa grace et vous maintien[n]e en sa sainte garde et moy en vos bonnes graces, demeurant au reste, monsieur,
vostre serviteur tres obligé,
C.M.m.p.
De Zurig, ce 24 de Fevrier l'an 1642.
Je voudrois sçavoir où se trouve monsieur Strasburg6 et ce qu'il fait en Hollande.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 19 Martii.
En in dorso: 24 Febr. 1642 Marin.