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Monsieur,
J'ay receu au mesme temps les vostres du 18 et du 14 d'Aoust2 et avecq deux pacquets y joncts donné l'addresse vers la Suede.
La joye est icy grande à cause de la conqueste de Perpignan,3 qui donnera fort grande reputation aux affaires du roy par tout le monde. Les amis de monsieur de Cinq-Mars et de Thou se consoleront avecq le temps et le duc de Boullon a faict son accord et, mettant de la guarnison du roy en Sedan, aura sa liberté et de l'argent. Le cardinal Mazarini, monsieur de Aurillerie, secretaire d'Estat, et monsieur de Estrada, envoyé icy par le prince d'Orange,4 sont allés vers Sedan pour disposer tout à l'execution de cet accord. La duchesse-douariere est decedée,5 tout depend de la duchesse, femme du duc, et du governeur, qui est de la religion, nommé Briquemont.6
La milice du roy de la Grand-Brettange a esté maltraittée en divers endroicts. Le prince d'Orange a envoyé quelque argent au mesme roy, dont les parlementaires ont envoyé à La Haye pour se plaindre, croyants n'estre pas raisonnable que les Estats des Provinces-Unies s'opposent à ceux qui à leur exemple veulent asseurer, comme ils disent, la liberté et purifier la religion. Monsieur Boswel, agent du roy de la Grand-Bretange à La Haye, s'oppose à ce que le gentilhomme envoyé par le parlement ne soit escouté. Les catholicqs d'Irlande ont receu quelques pieces de canon du pape et en attendent de la France.
Il y a eu quelque bruict de la maladie de monseigneur le grand chancelier de Suede, mais qui n'est pas de grande autorité, puisqu'il ne vient que du pays ennemi.
Je demeure, monsieur,
le vostre.
22 Septembre.
Bovenaan de copie staat: M. Marini.