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Monsieur,
J'ay bien receu vos lettres du 19 de ce mois, par lesquelles vous me donne[z] adviz de la reception des miennes du 14 et 21 de Juillet passé,2 et espere par le premier ordinaire d'apprendre de vous ce qu'aurez obtenu pour moy chez monsieur Heuf3 touchant ces deux cent dalers que je vous supplie me vouloir procurer au plustost, car asseurement je n'auray point plustost mon argent que monsieur le general Horn ne soit arrivé en Suede,4 ce qui ira encor bien au long, et cependant je suis icy pressé de toutes sortes de difficultez, qui m'accablent tout à fait.
La vigoureuse resolution de ceux de Venise et du duc de Florence prise pour la defence du duc de Parme a empeché le pape qu'il n'advance avec son armée jusques à ceste heur contre son estat, ayant cependant accordé une tresve de quelques sepmaines pour durant icelle traitter son accommodement avec luy par l'interposition des princes d'Italie et du roy de France.5 Cependant Venise a envoyé au secours de Parme oultre cent mille ducats 3 mille à pied et 300 chevaux, mais on m'escrit que Florence contribue aussy à la despence. Et si la guerre va avant, on donra au duc de Parme certaine somme d'argent payable chasque mois pour en entretenir son armée.
Crescentin a esté pris après 13 jours de siege6 et parce que le duc de Longueville est desja arrivé en Piedmont, on aura bientost des nouvelles de l'attaque de Trino ou Nice de la Paille.7 Mais la meilleure saison estant desja passée pour agir en campagne, je crois que les François feront assez, s'ils reprennent une ou deux places encor pour cest'année.
Le chasteau de Vildenstein est assiegé par les Austrichiens et dans Engen il y a 300 à pied et autant de chevaux, qui empecheront la sortie de ceux de Hohetvil afin de ne le pouvoir secourir.8 Les François les devront seconder et contribuer à la conservation de ce chasteau-là, mais la jalousie qu'il y a entre Erlach et Osneville et le ravage du duc Charles en Alsace les en destourne un peu, si ce n'est que monsieur Hallier vien[n]e avec son armée en Alsace pour en faciliter ce secours.9
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On tient Perpignan pour pris, mais que les François pren[n]ent garde qu'ils ne leur en arrive de mesme comme à Aire,10 l'armée d'Espagne tant navale, que commendera le frere du duc de Florence,11 que celle par terre s'approchant à son secours puissamment. Nous verrons ce qu'en sera.
Je me reccommande à vos bonnes graces et demeure, monsieur,
tout le vostre,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 25 d'Aoust l'an 1642.
J'y joint ce que j'ay de Rome.12
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 17 Sept.
En in dorso: 25 Aug. 1642 Marin.