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Monsieur,
L'incertitude de la santé du roy2 nous tient en apprehension. On parle beaucoup de la paix ou trefve, comme aussi de ce que le roy ordonnera pour la regence. Les affaires du roy d'Angleterre prosperent, la reine y est arrivée et le peuple crie pour avoir la paix. Les Hollandois ne se remuent pas encore. Et icy les garnisons de Picardie ont ordre de se tenir coi.
On dit que le mareschal de Torstensoon pour la seconde fois s'est retiré du siege de Fribergh,3 sans que nous sçavons bien encore les causes et les suittes. Les Suisses et les Grisons et ceux de Geneve feront bien de se tenir bien unis pour leur conservation et s'exempter de trop grandes dependances des estrangers. Je croy que monsieur Godefroy, qui est icy pour Geneve, recevra du contentement. Nous attendrons les advis de la paix entre le pape et le duc de Parme, et ce qui arrivera de Tortona.
Le roy de Danemarcq se rend puissant par mer et par terre. Les discours en sont divers, quelques-uns croyent que c'est contre Hambourg, autres pour le roy d'Angleterre, autres pour le roy de Poulogne contre Dantzig. Les Suedois ne laissent pas d'en prendre de l'ombrage. Je penche pour l'opinion de ceux qui croyent qu'il veut assister le roy d'Angleterre, pour ce que cy-devant quelque quinze cents de Danemarcq sont arrivez en Angleterre pour mesme fin.
Je demeure, monsieur,
le vostre.
Le 24 Mars 1643.
Bovenaan de copie staat: M. Marini.