Monsieur,
La necessité que l'on dit n'avoir point de loy nous a contraint de venir chercher chez nos amis la subsistance que nous n'avons sceu trouver au delà du Rhin.2 Il n'y a point de doubte que les alliez qu'a la France en Allemagne n'ayent apprins nostre passage à contrecoeur, mais je ne trouve pas qu'ils puissent se plaindre de nous après avoir tenté tant de fois l'entrée des pay[s] ennemis. Si les succeds n'ont respondus aux esperances que nous avions conceues, ce n'a pas esté faute d'y avoir contribué du nostre tout ce qui a esté possible. L'armée est logée en Alsace pour se rafrechir quelque temps, bien que les gouverneurs des places nous en ayent osté les moyens, ayant refugié dans leurs guarnisons tout ce qui se trouvoit dans le pay[s].
Les ennemis sont en marche vers le Palatinat et font courir le bruit qu'ils veullent faire un pont sur le Rhin3 pour nous incommoder de deça, mais il y a plus d'apparance qu'ils chercheront à se donner du repos aussy bien que nous. Nous ne sommes pas en estat d'agir qu'on ne nous aye renforcé de quelque secours et qui consiste en bonnes troupes.
Je suis, monsieur,
vostre tres obeissant serviteur,
D. de Groot.
Au quartier d'Ehrstein, 1643, ce 4me Septembre nouveau style.
Adres: A monsieur/monsieur Grotius, ambassadeur ordinaire de la royne et couronne de Suede prèz du roy tres chrestien, à Paris. Au fauxbourg Saint-Germain, proche de la Charité.4 3 s.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 21 Sept.
En in dorso: 4 Sept. 1643 D. de Groot.