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Monsieur,
Je vous remercie de la peine que vous avez voulu prendre pour moy en la correction de mes oevres.2 Que la pluspart de fautes est advenue par la nonchalance des compositeurs, de cela j'ay une preuve très-certaine en ce que dans les errates corrigées par rabbi Manasse il y a presque autant de nouvelles fautes qu'il y a des mots hébreux. Messieurs Bleau ne feront jamais de bonnes éditions en cette sorte d'escrits, s'ils n'ont un bon correcteur chez eux. Je recognoys vostre très-grande affection envers moy au jugements que vous faites de mes Annotations par dessus les mérites. Cependant je ne laisse point d'espérer que les lecteurs qui ne seront passionnez ny pour ny contre moy trouvent quelque utilité en cet oevre, en quoy comme aussi au reste de mes oevres je n'ay eu autre desseing que de servir à la chrestienté. Je ne doute point qu'il n'y ait de gens qui prenants de la main gauche ce que je donne de la droicte escrivent contre moy avec aigreur. Quand je verray ce qu'ils auront dit, je prendray conseil de moymesme et de mes amis, s'il faut respondre ou non.
Les Annotations sur Cassander3 sont assez bien receu icy parmy les modérez et sçavans de part et d'autre. Ceux qui considéreront comme il fault la haine que la division apporte, les guerres procédé[es] de la haine et la corruption des meurs des guerres, croiront que ceux-là ne méritent point de blâme qui cerchent des moyens tolérables pour la réunion.
Je demeureray tousjours
vostre serviteur de bon coeur.
Le 30 de Novembre 1641.