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    Bijlage no. 43 Bij no. 5530
    Bijvoegsel bij een brief van P. Spiring Silvercrona dd. 30 december 1641.1

    Le sieur président Le Coigneux,2 ayant esté envoyé par la reine mère du roy à messieurs des Estats Généraulx, leur a dit ce qui s'ensuit.

    Messieurs,

    Cet estat qui a tousjours faict profession d'affectionner la reine, estant gouverné par des personnes de maintes vertus, je fairois tort à l'opinion qu'on doibt avoir de leur générosité, si je croyois qu'il fust besoing d'un grand nombre de persuasions pour les disposer de rendre office à la reine en l'estat où elle est à présent. Je sçay trop que le sentiment qu'imprime l'honneur et la vraye amitié dans l'âme des hommes vertueux, faict qu'ils recherchent plus volontiers les occasions où ils peuvent avoir lieu de soulager les peines de leurs amis, que celles où ils trouveroient l'advantage de participer à leurs prospéritez, de sorte que pour obtenir de voz Seigneuries l'assistence que je viens demander au nom de la reine, je ne pense avoir que deux choses à vous représenter de sa part, l'une est la mauvaise condition où elle est réduite, l'autre est l'occasion qui s'offre à cet estat de luy procurer du repos.

    Quant au premier, messieurs, je n'ay pas à déduire présentement les causes des disgrâces de la reine. Ce seroit un trop long discours et qui ne se pourroit faire sans toucher des matières trop délicates, joinct que mes ordres ny mon intention ne sont pas de faire icy une apologie des actions de la reine, jugeant qu'elles n'en ont pas besoing en ce lieu et que cela d'ailleurs ne pourroit servir à la fin de ma commission. Je vous dirai seulement que depuis la séparation, qui survint entre le roy et la reine sa mère à Compiègne,3 la reine a tousjours conservé dans son coeur un ardant désir de réunion avecq le roy son fils. Chacun sçait que les entrailles des mères ne peuvent estre insensibles à l'amour au regard de leurs enfans, et c'est ce sentiment de mère qui a faict quitter Bruxelles à la reine, où elle subsistoit sans incommodité, jugeant que son séjour dans un pays qui estoit en rupture avecq la France donnoit subject de luy fermer l'accès auprez du roy son fils, et qu'en un autre amy et confédéré de cette coronne elle pourroit plus facilement travailler à sa réconciliation. La reine estant doncques sortie de Flandre avec cet esprit, ainsi qu'elle a faict veoir par des déclarations publicques, n'avoit perdu aucun temps à rechercher son accommodement et a faict pour cela trois notables tentatives.

    La première fust en passant les terres de cet estat, voz Seigneuries ayant eu la bonté de vouloir mettre la main à un si saint ouvrage de réunir la mère avec le fils, mais une mère et un fils de telle qualité, que leur division ne peut que offencer le reguard publicq et tirer à sa suite de mauvaises conséquences. Cet estat s'estant employé pour un si grand bien sçait assez quel en a esté le succes, il seroit superflu de le racomter. C'est la première tentative.

    La seconde fust faicte par la voye de la reine d'Angleterre, cette princesse estimant que le lien naturel qui l'atasche au roy son frère, estant la reine leur mère commune, elle auroit meilleure grâce que tout autre de moyenner leur réunion, envoya pour cet effect en France

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    l'un de ses plus confidents serviteurs;4 il eust charge aprez avoir applicqué ses principaux soings à la réconciliation cordiale, pour laquelle il estoit envoyé, de prier le roy qu'il luy pleust d'accorder à la reine sa mère la jouissance de ses biens pour vivre en Angleterre, attendant que Dieu disposast les choses en sorte qu'elle peut avoir la consolation de le reveoir. Enfin, aprez une longue négotiation, pendant laquelle il fust faict des propositions pour porter la reine au voyage d'Italie, auquel elle avoit beaucoup de répugnance, la responce fust que le roy ne pouvoit prendre autre résolution sur les affaires de la reine sa mère que de n'en point prendre qu'en la conclusion de la paix. Ceci est la seconde tentative.

    La troisième fust aprez les mouvements qui survindrent entre l'Angleterre et l'Escosse, le roy et la reine de la Grande-Bretaigne ne pouvant plus continuer à la reine leur mère les mesmes assistences qu'elle avoit receues d'eux auparavant. La reine se résolut alors d'envoyer un dez siens5 directement vers le roy son fils, sans autre médiateur que celuy qu'il honnore de sa principale confiance. Cet envoyé eust ordre d'agir aux mesmes fins que le précédent, mais avecq cette différente condition que la reine pour s'accommoder aux volontez du roy consentoit d'aller vivre en Italie, nonobstant son aage et ses indispositions qui luy rendoyent les voyages très peinibles. Et avecq cette différence la reine se promettoit trouver la porte ouverte à un favorable traitement. Néantmoins elle eust incontinent cette mortification que son envoyé ne peust avoir accès au roy son fils pour luy présenter ses lettres, et ne fust veu non plus de celuy qui a la direction de ces affaires,6 à qui la reine avoit ausi escrit en termes très-obligeans. Bien est-il véritable, pour ne rien obmettre de ce qui est deu à la gloire du roy, qu'il eust cette bonté, sçachant l'angustie où se trouvoit la reine sa mère, de luy envoyer promtement une somme de 100 000 livres pour soubvenir aux despences pressées de la maison, et se préparer au voyage d'Italie, où sa Maj. faisoit estat7 qu'elle donneroit à la reine sa mère une pension convenable pour son entretènement. Mais la reine, qui sçait que la nature des pensions est casuelle, qui craignoit par beaucoup des considérations de n'estre pas punctuellement payée de celle qu'elle auroit à recepvoir, et qui prévoyoit que ceste pension luy mancquant en un lieu où elle debvoit attendre peu de secours, estant esloignée de touts ses enfans, sa condition pourroit devenir insuportable, la reine voulut avant que d'entreprendre le voyage faire instance pour obtenir la possession de ses biens, et sur cette difficulté et quelque autre qui fust faicte en des articles de peu d'importance, la négotiation fust rompue de la part du roy sans qu'il fust possible à la reine de la renouer. Voilà la troisième tentative.

    La reine ensuite désespérant de son accommodement et pressée par la disposition des affaires du pais et de l'air qui estoit contraire à sa santé, ne peust prendre autre parti pour lors que de se réfugier à Cologne avecq l'équipage, que voz Seigneuries ont veu, qui a peu de vestiges, à dire le vray, d'un train d'une grande reine, remettant ses affaires à la providence de Dieu et sa subsistence aux soings de la reine d'Angleterre sa fille. Mais comme se seroit se flatter par trop d'espérer que cette princesse fust bientost en estat d'assister la reine sa mère, bien que ce soit son inclination et celle du roy son mari conjointement, dont la reine leur mère se sçauroit assez louer, il est évident que, cette assistence manquant à la reine et n'en aiant pas d'ailleurs, qu'elle se trouve comme à la veille de tomber en un désastre qui aura peu d'exemples. Vous voyez, messieurs, l'estat où est réduite cette princesse.

    Or, dans ces enpressemens la reine pour ne point manquer à ce qu'elle doibt à elle-mesme, voyant les dispositions et les préparatifs à la paix, se souvenant de la responce qui fust faicte à la reine d'Angleterre, qu'en cette conjointure le roy adviseroit aux affaires de la reine sa mère, considérant, dis-je, la reine que si jamais l'occasion luy peust estre favorable pour obtenir du

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    repos, c'est celle-cy, où il semble que tout concourt à la tranquillité publicque, que d'un veu commun l'esprit malin de la discorde doibve estre confondu et que les anges tutélaires de la paix doibvent avoir l'advantage, en cette occasion la reine a recours aux alliez de la France et du roy son fils pour lui moienner la possession de ses biens, afin qu'elle puisse vivre au moins dans les pays estrangers. Ses prétensions ne vont pas plus avant. Entre touts les alliez de la France votre estat, messieurs, tient le premier rang et il a faict voir par tant d'actions signalées que ses intérests sont attachez à la grandeur de cette coronne et à la prospérité des affaires du roy, que non seulement les offices que vous rendrez à la reine en ce rencontre ne seront point suspects, mais passeront pour des tesmoignages nouveaux de vostre affection à la personne du roy et à l'honneur de son royausme, n'estant pas mesme imaginable que le roy ne prenne tousjours plaisir d'entendre parler de réconciliation avec la reine sa mère et de soubvenir à ses nécessitez. Voilà donc, messieurs, l'occasion qui s'offre à voz Seigneuries d'assister la reine, en suite de quoy je n'employerai point d'advantage de temps à vous représenter combien sa cause est favorable et de combien de justice seront accompagnées voz interventions. Cela consiste en choses trop cognues, la naisance de ceste princesse, ce que l'alliance qu'elle a contractée avec le feu roy adjouste à la dignité de sa personne, les bénédictions qui ont suivi son mariage si abondamment, les grands et si importants services qu'elle a rendu à la France pendant son administration, les soings tendres et diligans qu'elle a eu de la persone du roy son fils en son bas age, ses veilles et ses travaux pour soustenir le faix des affaires d'un si grand estat; bref, tant d'effects de la paix bienheureuse dont il a pleu à Dieu de favoriser la France pendant un si long temps soubs la conduite de la reine, qui sont choses si notoires et si augustes que, quand on auroit aboli touts les monuments publicqs pour en oster le souvenir, certes la mémoire des hommes les conserveroit à la postérité de siècle en siècle. Toutes ses considérations que voz Seigneuries sçauront bien mieux examiner et représenter que je ne pourois faire, jointes à la justice de la cause d'une mère qui demande la jouissance de ses biens pour vivre, jointes encore au bon naturel du roy et fortifiées de voz interventions, sont d'un si grand poids à comparaison de tout ce qui se peut opposer à vos bons offices, qu'estants mis dans la balance par un roy qui faict profession d'aimer particulièrement la justice entre toutes les vertus, il n'est pas loisible de doubter du succès des assistences que voz Seigneuries rendront à la reine en cette occasion.

    Néantmoins, messieurs, quant il arriveroit que la providence divine en disposeroit autrement et que voz offices n'aporteroient point à la reine la consolation qu'elle s'en promet, j'ay charge de déclarer icy de sa part, comme elle a souvent faict ailleurs depuis ses disgrâces, que de quelque façon qu'elle soit traittée, l'amour tendre qu'elle porte à la persone du roy son fils ne recepvra jamais d'altération, que quand elle seroit privée de touts aultres biens que de la qualité de sa mère, qu'on ne luy sçauroit oster, le roy son fils ne sera pourtant jamais privé de ses dernières bénédictions, et qu'elle n'aura jamais ausi dans son coeur un seul sentiment de mauvaise volonté contre8 ceux qu'elle sçaura luy avoir esté desfavorables, voulant la reine faire profession d'oublier promptement les offences et de conserver perpétuellement la mémoire des obligations. Celle qu'aura la reine à cet estat en luy accordant la demande qu'elle faict aujourd'huy, tiendra l'une des premières places dans son coeur entre celles qu'elle estime les plus dignes de sa recognoisance.

    Notes



    1 - Copie Den Haag, ARA. Eerste afd., coll. Hugo de Gr. Aanw. 1911 XXIII no. 7. Oorspr. De bijlage is geschreven door Pieter Pels (no. 5002 n. 1), klerk van Petter Spiring Silvercrona. Enkele kleine verschrijvingen zijn stilzwijgend gecorrigeerd.
    2 - Jacques Le Coigneux (no. 5279 n. 5). Hij hield echter geen redevoering in de vergadering van de Staten-Generaal, maar werd slechts door enige gedeputeerden gehoord op de ‘vertreck-camer’; vgl. Res. SG dd. 19 en 28 december 1641. Aan de Franse koningin-moeder Maria de' Medici werd vervolgens op 2 januari 1642 een schriftelijk antwoord gegeven; minuut ARA, SG no. 6767I.
    3 - Gedoeld wordt op de gebeurtenissen die in 1631 hadden plaatsgevonden in het vervolg van de ‘journée des dupes’ (12 november 1630).
    4 - Henry Jermyn; zijn missie vond in het voorjaar van 1639 plaats. Vgl. CSP Ven. 1636-1639, register i.v.
    5 - De sieur de Bonnefons, aalmoezenier van Maria de' Medici, vertrok in het voorjaar van 1641 uit Engeland. Zie voor zijn missie CSP Ven. 1640-1642, p. 120.
    6 - Richelieu.
    7 - Door Grotius verbeterd uit: entre.
    8 - Eveneens door Grotius verbeterd uit: entre.
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