5797. 1642 juli 19. Aan J. de Wicquefort.1

Monsieur,

Le cardinal a eu un novel absces au bras2 et, estant assez foible et se faisant encore plus foible qu'il n'est, ne suit pas le roy, comme il avoit dict, mais demeure à Tarascone. Les amiz de ceux qui sont arrestez et auxquels on a donné desja des commissaires, craingent que ce ne soit afin de faire juger leur cause loing du roy et sans que le roy en puisse empescher l'effect. Le frere de monsieur de Thou, y estant venu en intention de solliciter pour son frere, incontinent a eu commendement de se retirer. Le roy a desiré que son frere, qui estoit allé en Piedmont, vint vers lui pour luy dire de bouche, ce qu'il avoit faict sçavoir au roy par un gentilhomme touschant les desseings, auxquels il avoit esté meslé, mais luy craignant que le roy ne pourvoye à sa propre seureté et à celle de l'Estat contre de telles escapades, n'ose venir sur cela. Le roy arreste le revenu de Monsieur et sa fille.3 Monsieur le comte de Chavigny s'entremet pour trouver des accommodemens. La mort de la reine4 mettra en dueil les plus grandes cours de l'Europe. Le roy vient icy accompagné de Mazarini, Chavigni et Noyers. La duchesse de Bouillon a faict sçavoir au roy qu'elle tiendra Sedan à son service moyennent qu'on ne face du mal à monsieur son mary. Le duc de Longueville part en peu de jours pour l'Italie, où on parle d'un mariage entre le nefveu du pape et la fille de Parma.

Venise continue ses levées et les princes de Savoye entendent les ouvertures qu'on leur faict tant de costé d'Espagne que [de] France. Et Gennes sollicite à la cour de Rome et allieurs d'estre traictté de pair aveq Venise.

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Perpignan se defand. Au combat naval, un navire françois a esté bruslé, deux navires espagnolles prises [sic] par les François. Cependant un secours pour Perpignan s'est debarqué à Roses. On tient que le marescal Motte-Odincourt est retourné en Arragon. Halier assiege Dieuse, le duc Charles va contre luy. Le comte de Guiche a cinq mille gens de pied, deux mille chevaux, guerre loing de Sedan. Beck se tient entre les rivieres prèz de Valentienne. Le comte d'Harcourt n'ayant pas trouvé moyen de l'attaquer est revenu vers Verviens. Tant les François que les Anglois parlementaires seront bien aises que les Dunquerquois soyent retenus dans leur sourissiere, car les uns et les autres les craignent. Les succes de nos Suedois en Silesie et aux provinces voisines sont excellents et, s'ils continuent, pourroient bien donner occasion à ceux de Brester5 de changer de party et aux paysans d'Austriche de reprendre les armes.

Je suis tres aise de ce que vous avez veu monsieur le marescal Horn6 et espere que vos advis reussiront. Il a grande envie de se revanger des Bavarois. Et je croy que si monsieur le cardinal demeure en vie - car de son credit il ne faut plus doubter - il fera que la France y contribue outre ce qu'elle a promis par le traicté.

Je demeure, monsieur,

vostre tres humble serviteur.

Le 19 de Juillet.

Le roy est content que son frere demeure à Nizzaz au Piedmont et ait deux cents mille livres de revenu à condition que ses domestiques iront là, où le roy voudra. Otto-Louis ringrave a esté pris par ceux de Saverne. Nous apprenons que le party du roy d'Angleterre se fortifie.

Bovenaan de copie staat: Mons. Vicquefort.