Je ne doubte pas que M. de St. Saulveur2 ne vous aye faict mes excuses très humbles du retardement de ma response comme je l'en avois supplié et que vous ne les ayez admises de votre grâce comme n'estant que trop légitimes et déplorables sans que jusques à ceste heure j'aye peu ranger notre monde à aulcune raison ne conséquemment recouvré aulcune qui étude d'esprit pour reprendre les immanentes habitudes que j'avois en dernier lieu avec des personnes de lettres.
Enfin voyant que contre mes espérances la chose alloit trop de longueur, je n'ai pas creu pouvoir différer davantage de vous accuser comme je faict présentement et de vous remercier le plus humblement et affectueusement que je puis la participation de ces passages de Porphyre3, dont j'ay esté infiniment ayse de voir le beau recueil que vous avez prins la peine d'en faire.
Et ne manqueray pas d'employer toute ma petite industrie et tout mon faible crédit pour extraire de la bibliothèque St. Laurens de Florence, tout ce qui se pourra tirer de ce volume que l'on dict y estre, et commancerai par quelque eschantillon pour ne pas effaroucher la chasse et pour nous assurer bien que ce libvre y soit en nature et du lieu où il est pour y avoir recours au besoing sans laisser paroistre de l'affectation pour celà.
Car je ferai ma principale instance de toute autre chose et ne parleray de celle-là que par occasion accessoirement, sauf en temps et lieu d'en faire les instances en tel cas requises, et sans y perdre que le moins de temps que nous pourrons pour ne rien obmettre à tout ce qui peut regarder votre service qui me sera toujours grandement à coeur comme à celuy qui est et vous est à jamais, monsieur, votre serviteur
Votre De Peiresc.
A Aix, ce 14 Janvier 1636.