Monsieur,
Depuis ma dernière que ie vous ay escritte2 il y a huict jours rien n'est passé icy digne de considération tellement que celle-cy servira pour vous advertir que la vostre du 22e de Febvrier3 m'a esté rendue le 13e de Mars et qu' incontinent l'enclose à mon.sr le grand chancelier4 a esté envoyé. Nous n'attendons ancore les particularitez des affaires qui passent dans la Misnie.
Le landgrave de Cassel5 a demandé des conditions si advantageuses qu'on ne croye pas que sur le traitté proietté la ratification s'ensuive. Et il y a desià survenus des différens entre ses gens et ceux de l'empéreur6 demandans passage par la partie de Westfalie tenue par les Hessiens.
35
On faict icy de grands préparatifs de guerre. Et d'Angleterre on commence à mieux espérer puisqu'on nous mande qu'on y a retenu l'argent qui passoit par là d'Espagne pour les affaires d'Allemagne et du Pays-Bas. De quoy on espère une plus grande rupture qui aussi par le mariage qui s'advance pourra atterer le roy de Poulogne7 tellement que de tout costé nous avons subiect de bonne espérances: et n'est pas un pert bien pour la France que les ennemis qui estoient passé la Meuse sont repassés.
Je demeure, monsieur,
vostre serviteur très humble.
A Paris, 18e Mars st. no.