Monseigneur,
Je vous escripvis dernièrement2 sur l'occasion du passage du S. de Ostervic3, ambassadeur des Seigneurs Estats de Hollande auprez du roy4, pour me ramentavoir en l'honneur de voz bonnes grâces et veux croire que Son Excellence se sera volontiers acquitteé des bons offices, qu'elle m'avoit promis en vostre endroict et de vous faire tenir ma lettre où je donnois advis à vostre Excellence du M.S. d'Henoch5 en langue Aethiopienne, qui m'estoit tombé en main, et des diligences où je m'estois de trouver le moyen de le faire interpréter en une langue moins incogneue pour voir si ce pouvoit estre le mesme ouvraige qui est allégué par S.t Jude6, et par Origène7 ou aultres sainct Pères de la primitive église.
Mais n'ayant point eu de voz nouvelles je crains que ma lettre ne se soit esgarée parmi les papiers de monseigneur de Ostervic. Car monsieur Holstenius8 à qui j'avoys donné le mesme advis m'escript du 7 mars vous avoir aultres foys ouy tenir quelque discours du texte grec du libvre d'Enoch, que vous aviez rencontré quel'que part sur lequel vous aviez mesmes faict quelque travail dont je
226
supplie très humblement vostre Excellence me vouloir mander ce que vous trouverez bon, que nous en puissions sçavoir, affin que nous n'y fassions que ce qui y pourra escheoir en ce cas.Il ne s'est rien trouvé dans la bibliothèque de S.t Laurens concernant le Porphyre9 que certain volume d'une catherne où sont alléguéz certains passages de l'oeuvre dont est question, mais la suicte du texte ne s'est point trouvée, à la disposition des amys, que j'ay employéz à ceste recherche.
J'ay pourtant réitéré mes instances pour une plus exacte perquisition et vouldroys bien avoir des meilleurs moyens de tesmoigner partout où se pourront estendre mes forces et mon petit crédit, que je suis de tout mon coeur, Monseigneur, très humble et très obéissant serviteur de vostre Excellence
de Peiresc.
A Aix, ce 17 avril 1637.