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    813. 1623 Jan. 10. Van B. Aubéry du Maurier1.

    Monsieur. J'ay receu vos deux lettres du 22 et 29e du passé, et esté très aise de sçavoir vostre bon estat que je souhaitte durer longuement; à mon arrivée en ce pays qui a esté heureuse graces à Dieu, j'ay eu ce contentement de jouir du voeu que vous m'aviez faict, celle2 que Dieu a redonnée pour mère à mes petitz se monstrant tellement portée à les aymer et chérir et eux à l'honorer et courir à elle, comme s'il en avoient tiré leur naissance, qu'aprèz un si grand mal il ne pouvoit m'arriver un plus grand bien.

    Pour ce qui touche le placart3 dont vous me parlez, vous sçavez ce que l'on dict des excommunications de Romme, proprement nommées bruta fulmina, ceux contre qui elles sont jettées ne s'en portent pas moins bien: nos Roys en pareils cas en ont appellé à Dieu, à leur espée, et au prochain légitime concile; vous en appellerez donq à celuy qui vous a remis en liberté, à vostre bonne conscience, à la verité mesme, et à une assemblée aussy libre qu'elle avoit accoustumé d'estre en vostre Rèpublique bien ordonnée. Vostre escrit4 qui est basty à chaux et à sable leur fasche, et ne sçauriez les empescher qu'ils ne crachent contre, mais puisque la verité ne peut estre ruynée avec des injures, consolez vous en ce que la posterité et ceux qui vivent non passionnéz en jugeront comme il appartient. Cependant il ne sera que bon de vous munir contre ces menaces de tout ce que la bienveillance de Sa Majesté et de vos puissans amys vous pourra fournir, plus néantmoins pour témoigner que vous estes appuyé, que pour besoin que vous en ayez en cet egard, telles choses estant plus dignes de mépris que de cholère. Il n'y a peutestre pas loin jusques au temps qui redonnera à vostre mérite ce qui luy est deu, et à vostre Patrie les fruitz de vostre esprit et affection envers elle. Cepandant il faut laisser souffler ces ventz sortans de la mesme caverne, de laquelle il est déjà sorty tant de puanteur. La seconde édition ne seroit qu'à propos pour verifier la maxime de Tacite5: et à dire vray, ces offenses ont plus aiguysé qu'émoussé l'appétit de cette lecture, plusieurs la recerchans avec soin, qui autrement n'en estoient pas assez curieux. Et ainsy nous tourne à bien, ce que l'on avoit pensé en mal contre nous. Voyla pour ce chef.

    271

    Quant à l'Ambassade qu'ils attendoient icy, il semble maintenant converty en un autre qu'ils projettent d'envoyer6, mais l'indisposition du Prince7, laquelle semble empirer, n'amende pas leurs affaires, et retarde toutes sortes de résolutions, tous les autres ressortz n'ayant mouvement que par cestuy là qui s'use et relasche visiblement. En quelque façon que l'on agisse en cela, soit à envoyer icy, soit pour attendre qu'ils envoyent d'icy, le conseil dont nous conférasmes a tousjours ses mesmes raisons qui ne changent point, c'est pourquoy vous ferez chose utile au public de les faire valoir aux occasions où besoin sera: car celuy que vous sçavez n'espargnera aucun travail pour servir au public, n'y à vostre particulier d'aussy bon coeur que, saluant humblement vos bonnes graces et de Mad.11e Grotius comme faict l'Ambassadrice, il demeurera,

    Monsieur, Vostre bien humble et très affectionné amy et serviteur

    D.M.

    Ce Xe janvier 1623.

    Adres: A Monsieur Monsieur Grotius.

    In dorso schreef Grotius: 10 Ian. 1623 Maurier.

    Notes



    1 - Hs. U.B. Leiden, cod. Pap. 2. Antwoord op no. 806 en no. 808. Beantw. door no. 817. Du Maurier was einde 1622 van een reis naar Frankrijk in Den Haag teruggekomen.
    2 - Zie p. 230 n. 8.
    3 - Zie p. 262 n. 3.
    4 - De Verantwoording, zie p. 76 n. 1.
    5 - Zie p. 265 n. 4.
    6 - Er was sprake van een bijzonder gezantschap naar Frankrijk te zenden, Arend, Gesch. des Vaderlands III, 3 p. 790.
    7 - Maurits.