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    2476. 1636 februari 14. Van Ch. Marini1.

    Monsieur,

    Je suis fort aisé d'entendre par vos deux dernières de Janvier2 que mon

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    paquet avec la lettre de l'ambassadeur d'Hollande qui reste à Constantinople3 vous est bien rendu et par vostre moyen envoyé à son Ex.ce4 par promte addresse. l'y attendray donques la responce pour sçavoir la résolution qu'on aura prise de mon voyage en Levant qui, à ce qu'il me [est] semblable, seroit fort nécessaire en la conjoncture présente qui pourroit mettre bien à bas les Autrichiens que nos Suédois, à ce que le bruict court, estrillent fort bravement en Saxe et au pays de Brandeburg.

    Au Milanois les alliez font les progrez que l'aspreté de l'hyver leur permet, tenant oultre Candia et Brem, Belveder, terre du fief impérial et n'aguerres occupée et si un puissant secours levé(?) sera envoyé, il y a à espérer que les Espagnols s'y trouveront en très mauvais estat, leur foiblesse se remarquant de plus en plus par faute de gens dont les règnes du roy de Espagne5 sont desnués. Ce gran secours venu sur 17 galions est finalement réduit au nombre de 4m hommes, la plus part malades et mal en ordre, leur consolation ne se fondant que sur la venue des Allemans qui sont entrez dans le Milanois non plus forts que de 4 ou 5m hommes combattans en tout l'empereur6 n'y pouvant plus envoyer des gens à cause de l'estat misérable de son armée en Allemagne où Gallas7 par cy-devant fort de 50m hommes est réduict au dix que la famine et la peste luy ont laissé résidus. Et moyenant que monsieur le duc8 puisse agir du costé de Cômasque, ie suis d'opinion que les Espagnols prendront bientost le Milanois qui est aux abois. Tout dépend de l'issue du traitté avec les Grisons qui sont assemblés à Ha ... r pour y accepter ou refuser les articles que monsieur le duc a proposé à leur députez à Chiavenne qui reste blessent les Grisons dans la Voltoline non absolument comme ils ont esté anciennement mais à condition qu'ils y puissent envoyer seulement des provéditeurs qui ayent le pouvoir de recevoir les revenues de la dite Voltoline et qui quand auront soin pour la seureté du passage et que les Valtolins qui leur doivent faire serment de fidélité ne machinent rien qui soit contre eux. Au reste ils sont forclos de l'administration de la justice tant au criminel qu'en civil hormis qu'ils doivent choisir un des trois que les Valtolins présenteront pour estre jugés, promettant de juger selon les anciennes constitutions du dit pays, en payant toutes fois aux Grisons pour ceste liberté 15m escu par an durant la guerre et en temps de paix 25m escus lesquels ne payant point ils seront descheux de ce privilège et retourneront au premier estat de l'an 1617. L'exercice de la religion réformé est excepté aussy bien que l'habitation ferme des protestants ausquels on permet seulement d'y venir parfois pour vendre des biens ou bien en tirer leur rentes selon le bon plaisir du pape9 qui le veut ainsi. Ie crain que les Grisons accepteront ces conditions estant divisés et foibles à faire la moindre entreprise contre les Espagnols, oultre qu'ils ne peuvent conserver la Voltoline sans les François. Peu de iours nous en es[c]lairciront comme cest affaire sera décidé.

    Pour fin ie ne diray rien icy du manquement de l'argent qui me presse en

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    ayant desià escrit par mes précédantes10, ie vous supplieray seulement que s'il n'y a point d'appareance que mon ordre pour le voyage de Constantinople me sera bientost envoyé avec quelque somme d'argent, vous m'assistiez cependant de 3 ou 400 fls. que ie vous promet sur mon honneur de rendre aussy tost que ie recevray ma paye. Les gens icy se desfiant de nous ne me veulent prester plus d'argent pensant que ie n'auray point moyen de les en contenter.

    Il y a un an que ie suis party de Vormbs et pendant ce temps vous pouvez bien considérer quelle despence que i'aye fait sur 4 personnes et deux chevaux, surtout durant ceste cherté incroyable qui nous travaille jusques à présent et si monseigneur le gran chancelier11 n'y pourvoid bientost, ie seray contraint d'aller trover son Ex.ce pour sçavoir d'où ie dois tirer mon entretènement, Mayence qu'on m'avoit assigné estant prise et le résident Mukel12 n'ayant à ce qu'il dit de quoy m'assister. Pardonne-moy, monsieur, de l'importunité que ie vous donne pressé par la nécessité, n'ayant à qui recourir parmy mes afflictions.

    A tant priant Dieu pour vostre longue vie et toute sorte de prospérité, ie demeure très passionnément, monsieur,

    vostre serviteur très humble
    Mariny.

    De Morbegno, ce 14 de Febvrier l'an 1636.

     

    P.S. De Constantinople monsieur Haga m'escrit ces propres mots: Qui per hora non habbiamo cosa di momento, havendo il Gran Signore13 tardato d'arrivare per causa delle cattive strade et anco come si dice d'alcuna sua indispositione e tumor delle gambe estendo stato quasi deci mesi in continuo essercitio. Ora si dice che sarà fra 10 (?) giorni a Nacquedine(?) et doppo l'arrivo de Sua M.ta haveremo più materia di scrivere.

    In dorso schreef Grotius: 14 Febr. 1636 Marini.

    En boven aan de brief: Rec. 6 Marty n. st.

    Notes



    1 - Hs. Den Haag, ARA. Eerste afd. coll. Hugo de Gr. Aanw. 1911 XXIII no. 9. Eigenh. oorspr. Antw. op nos. 2420 en 2428; beantw. dd. 10 maart 1636 (dl. VII). Over Marini zie V, p. 436 n. 4.
    2 - Nos. 2420 en 2428.
    3 - Mr. Cornelis Haga; zie voor de bedoelde brief bijlage no. 5.
    4 - De Zweedse rijkskanselier Axel Oxenstierna.
    5 - Philips IV.
    6 - Ferdinand II.
    7 - Matthias, graaf Gallas, bevelhebber van Ferdinand II.
    8 - Henri, hertog van Rohan; hij opereerde in de Veltlin.
    9 - Urbanus VIII.
    10 - Zie bijv. nos. 2445 en 2462.
    11 - Axel Oxenstierna.
    12 - Friedrich Richard Mockhel.
    13 - Sultan Murád (Amurath IV); zie over hem V, p. 435 n. 7.