Monsieur,
J'ay receu par M.r le colonel Hamilton2 vostre lettre du 2e Sept. n. st.3 qui
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m'a esté très agréable et encore plus la nouvelle qu'il m'a porté de vostre santé et vostre soing perpétuel pour le bien commun.Le dict S.r Hamilton est allé en Angleterre pour veoir s'il peut aider à réveiller les trop endormis. Par l'affaire duquel escrivez et de quoy il m'a fait rapport ayant fait tout ce qu'on a peu il fault se remettre en la providence divine. D'Angleterre le S.r Hamilton passera en Suède pour y trouver le grand chancelier4, lequel après une longue absence a esté receu en sa patrie comme ses mérites requièrent non seulement les sénateurs, mais aussy les députez de touts les estats qui pour l'amour de luy avoient continué leur assemblée.
J'espère de faire passer bientost des nouvelles troupes en Allemagne, là où cependant noz affaires ne vont pas mal, Maracini5 ayant esté forcé par conjoinction de Lesle6 avecq le mareschal Banier7 de se retirer vers la Saxe, laissant à noz Suédois temps de chercher leurs advantages comme ils ont fait, prenants la ville de Lunenbourg et un chasteau bien fort nommé Winsem à quatre lieues d'Hambourg. Je me resiouis de tout cecy et plus encore de ce que noz Suédois ont adjusté leurs différents avecq le roy de Danemarq8.
Je vous prie s'il ne vous incommode de faire tenir cette lettre à bon sieur Sprecher9 et me recommande, monsieur, comme
Vostre serviteur très obéissant.
A Paris, ce 22e de Sept. 1636.