... Mitto orationem qua regem a bello reducem salutavi 12/22 mensis huius, brevem, quod amant reges, Franci praesertim ...
Sire,
Parmy les couronnes militaires la plus estimée des Romains estoit celle qui se donnoit en recompense d'un citoyen sauvé.2 Elle est deue mille et mille fois à vostre Majesté, qui par son soing et courage a delivré une infinité des Fransois de la rage des Croates et leur[s] semblables, qui font la guerre non seulement aux hommes, mais à l'humanité mesme. Il ne se faut pas estonner si l'estonnement a esté grand d'un effort si violent de ces deux grandes branches de la maison d'Austriche, qu'en long temps on n'a rien veu, en long temps on ne verra aussi rien de tel, par lequel on a esperé d'inunder la France par des nations estrangeres.3 Mais jamais n'a tant paru ce que peut en telle conjuncture un roy aymé et veneré de ses peuples. La serenité de vostre visage incontinent a conjuré cette tempeste. Frappant la terre du pied vous en avez incontinent faict sortir des armées nouvelles. Les ennemis, qui si fierement avoyent passé voz rivieres, les sont repassez avec honte et la France, bornée des ses frontieres anciennes, se mocque de leurs desseings altiers. Le plus admirable est que vostre Majesté a repris la ville, qui seule de leur[s] conquestes meritoit d'estre nommée, en un temps d'année que les autres nations n'oseroi[en]t songer à entreprendre un siege, tellement que par les despenses incroyables de tant de millions les ennemis n'ont rien faict que fortifier Corbie pour la France.
Si les biens des amis sont communs, certes la Suede, qui se sent honnorée de l'alliance de vostre Majesté, a subject de se resjouyr grandement de tant de prosperitez de vostre Majesté. Vous aurez sceu, Sire, qu'en ces temps elle aussi n'a pas esté oisifve, et comment le 4e d'Octobre l'electeur de Saxen et deux generaux de l'empereur ont esté attaqués dans
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leur[s] advantages et qu'apres un combat de six heures le canon, bagage, drappeaux, champ de bataille et la gloire sont demeurez de nostre costé.4 Il faut esperer, Sire, que Dieu continuant à benir voz intentions tres sinceres et celles de voz alliez, nous parviendrons avecq le temps à une paix non pas telle qu'a esté faicte par ceux qui sans subject ont rompu les traittés faicts avecq nous,5 mais une pleine d'honneur et d'equité, qui puisse mettre la chrestienté en un repoz des siecles entiers, afin que vostre Majesté resouit le tesmoignage de la posterité à jamais d'avoir esté par dessus touts les rois vaillant en guerre et pour procurer la paix tant juste que prudent.
Le roy dict6 que la Suede avoit commencé et luy suivi. Parloit de l'Espagnol sans parler de l'empereur. Que le cardinal et monsieur de Chastillon7 avoyent contribué beaucoup à la reprinse de Corbie.
Onderaan de rede schreef Grotius: 2 carossen. Noblesse suedoise.