Monsieur,
Ayant receu un récit plus particulier de la victoire de Witstock avecq les premières suites et cela de très bonne main, assavoir de monsieur Bilke2, ambassadeur de la reine de Suède3 en Poméranie, i'ay creu estre de mon debvoir de vous en faire part afin que non seulement vous vous resiouyssiez d'un advantage si notable que vous est arrivé, mais aussi sur cela fassiez iugement de ce que nous devons espérer pour l'advenir, ce que, selon l'apparance, ne peut estre que très bon pour nous et nos amis, soit qu'on nous force à continuer la guerre, soit que les ennemis se disposent à une paix seure et générale.
Les lettres que i'ay receu de monsieur le grand chancelier du 8 Octob. vieux style4 et de monsieur Bielke du 12 Octob. de mesme style5, celle-là de Stockholm, celle-cy de Stetin, me tesmoignent que la Suède se prépare tellement à une guerre vigoureuse où elle cependant ne s'éloigne pas d'une telle paix dans laquelle tous nos amis et alliez puissent trouver un repos équitable.
L'ennemi ne fait rien sur la frontière de la Picardie et la cour icy demeure ferme sans estre aucunement esbranlée par la retraitte de deux ieunes princes6.
Je prieray le bon Dieu, monsieur, de conduire toutes les affaires au bien publicq et particulièrement de vous donner toutes sorte de félicité.
Vostre très humble et très obéyssant serviteur.
A Paris, le 9 de Décemb. 1636 nouveau style.