Monsieur,
Hier je vis le roy à Saint-Germain, et l'ayant trouvé en bonne santé, ay fait sçavoir à sa Majesté la deputation faite par la reine de Suede du baron Oxenstern et de Bielke, aussi secretaire du royaume, et de monsieur Salvius pour se transporter au lieu destiné pour la conference de la paix,2 lorsqu'on sera convenu avec ceux de la maison d'Austrice sur les choses preliminaires.
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On fait des grands preparatifs pour assister les Catalans.3 Les remuements en Irlande ne s'appaisent pas, trois provinces s'estant declarées non seulement pour la liberté de la religion, mais aussi pour estre independans de l'Angleterre. Le prince d'Orange a donné sa fille troisieme au fils aisné du comte de la Frise Orientale4 et croit-on qu'il reserve les deux autres pour le prince de Galles et pour l'electeur de Brandenbourg.
L'armée suedoise est tres belle en Allemagne. C'est beaucoup que le seul bruit de la venue de Torstenson a desja forcé les ennemis à quitter deux sieges5 et n'est à douter que nos Suedois encore durant l'hyver ne tentent quelque chose, cependant que les François et Hessiens s'engraissent au pais de Juilliers et de Cologne.
Vingt mille personnes du petit peuple de Londres ont fait requeste, enfin qu'on chasse les evesques d'Angleterre comme on a fait d'Escosse, à quoy ny le roy ny la noblesse ne sont gueres portés, et le tiers estat est partagé sur cet affaire.6 Les Escossois ont bien promis dix mille hommes au prince electeur,7 mais n'ont pas le moyen de les entretenir, et les Anglois, comme je crains, ont trop d'affaire pour y songer.
Je demeure, monsieur,
le vostre.
Le 7 de Janvier 1642, laquelle année je vous souhaitte tres heureuse.
Bovenaan de copie staat: M. Marini.