Monsieur,
Toutes vos lettres m'ont esté bien rendues, et d'ores en avant j'attendray de vous advis de l'arrivée de monsieur le mareschal Horn à Paris, si le roy ne le retient près de soy pour quelque temps.2 Monsieur Spar3 revenu d'Italie a passé par icy et ce jourd'huy a pris son congé de moy pour retourner en France par la Lorraine, et en passant verra le marquis de Bade4 à Strasburg. Je neglige plusiours belles occasions de m'en aller, mais ayant promis à mondit seigneur le mareschal d'attendre icy quelque temps, il faut que j'y satisface.
Les trouppes qui ont esté en nostre voisinage, s'en vont joindre les Bavarois, qui doivent renforcer Hazfeld jusques au nombre de 20 mille combattans.5
On ne laisse pourtant de commencer à fortifier ceste ville, pour employer bien le temps qui luy reste de paix à son advantage. Le duc de Parme n'est pas encor adjousté avec le pape ni les Luquois,6 et dans le Milanois on tache de reassieger Casal avec 14 mille hommes pour divertir par ce moyen les armes de France en Catalogne et dans le Roussillon. Par les Grisons passera bientost le duc de Bragance,7 que mille chevaux conduiront en Italie et de là passera en Espagne.
Voila tout ce que j'ay pour ce coup.
Je demeure, monsieur,
tout le vostre,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 28 d'Avril, stilo vetere, 1642.
Si monsieur Heuf8 faira difficulté de parachever mon change qu'il me doit, vous m'oblige-
217
ray de le disposer pour le moins à payer deux cent daler au sieur Verdmüller,9 qui est en la suitte de monsieur le mareschal Horn, lesquels il m'a presté il y a longtemps.Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 20 Maii.
En in dorso: 28 April 1642 Marin.
In dorso staat met andere, latere hand: Fransce briven van Marini.