Monsieur,
J'apprend[s] fort volontiers par la vostre du 3 de ce mois2 que les ministres du roy ont renvoyé ce moine d'Eberstein3 avec un pied de nez4 et qu'il[s] vous ont communiqué sa proposition, qui ne tend qu'à desfaire la bonne union qui est entre sa Majesté et la Suede. Dieu veuille maintenir la France en ce bon desseing.
En Italie la maison d'Austriche reuscit un peu mieux, où l'Espagnol commence à regagner le pape, qui pour esvanter le conseil de la France sur l'Italie promet de rendre Castro et se reconcilier avec les princes d'Italie selon les conditions que l'Espagnol en propose,5 desquelles neantmoins nous ne sçavons pas encor que le duc de Parme soit contant, car il doit vendre ses estats qu'il a dans le royaume de Naples et de cela payer ses deubtes, et au contraire don Tadeo6 doit estre investi de ces estats dudit duc si les Barbarins les voudront acheter.
Au Milanez les Espagnols sont en campagne avec X mille hommes, et ayans failli de surprendre Casal ores tachent de reprendre par force Tortone, où ils croyent que les
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François sont foibles et sans grande provision des vivres.7 Nous verrons s'ils y reusciront mieux que l'année passée.Les Petis Cantons ont esté assemblez à Lucerne8 et continuent dans leur jalousie contre la France, qui aura moyen de s'en ressentir à son temps.
Je n'y joint pas d'advantage pour ce coup, me trouvant affligé de la goutte qui m'a attrappé desja deux fois, et le chagrin que je sent de tant de malheurs, qui me talonnent de tous costés, y contribue assez. Je ne sçait quoy penser de ce que monsieur Spiring ne me paye pas encor ces deux mille rickzdalers dont j'ay si gran[d] besoing,9 et vous supplie de luy en escrire et obliger celuy qui demeure toute sa vie, monsieur,
le vostre,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 9 de Febvrier l'an 1643.
Les Vinarois ont desfait 1500 chevaux de Jean de Vert10 et nostre Torsonsohn a pris Freiburg en Saxe.11
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 4 Martii.
En in dorso: 9 Febr. 1643 Marin.