Monsieur,
J'ay receu plusieurs de vos lettres en peu de temps, une du 11 de Janvier, une autre sans date, mais escrite comme je croy sur la fin de Janvier, et une du douzieme de Febvrier, desquelles je vous remercie, et n'ay pas laissé de parler icy tant pour les Suisses que pour
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les Grisons qui veulent du bien à la France.2 La prise d'Uberlinge3 pourroit bien donner occasion à songer à Constance et après appuyer puissament les amis.Le roy a esté malade, mais se porte mieux. On a cassé le soux par livre, [ce] qui sera un grand soulagement pour le peuple. Le duc d'Anguien et soubs luy d'Hallier, de Gesvre, Gassion auront une armée sur les frontieres de la Picardie, cependant que le comte de Guiche avecq six mille hommes [va] guarder Arras.
Nous avons icy monsieur Godefroy pour terminer quelques differents des limites entre la France et Geneve. Je croy qu'il recevra du contentement.
Le mareschal de La Milleray, le vicomte de Turaine viennent en Bourgogne pour attaquer le Comté. Et on a envoyé huict cents mille livres pour l'armée qui est en Catalogne. Il y a eu nouvelle conspiration en Portugal. Et on attend ce que produira la nouvelle de don Ferdinand Borgia en Castille, lequel a [succedé] au comte d'Olivares.
Le party du roy de la Grande-Bretagne a eu quelque advantage sur ceux du parlement en Cornouaille.4 Dieu veuille que la reine d'Angleterre, qui a esté repousée par les tempestes en Hollande, faisant son second voyage vers l'Angleterre puisse trouver en mer et apporter en Angleterre le beau temps.5
Je demeure, monsieur,
le vostre.
Le 3 Mars 1643.
Bovenaan de copie staat: A m. Marini.