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Monsieur,
J'ay receu presque au mesme temps vos lettres du 13 et du 23 Augusti et une qui n'a point de date. Je vous en remercie des advis2 et suis marri que je [ne] sçaurois rien obtenir de monsieur Heuft,3 ny repliquer à une raison si peremptoire, qui est qu'il a plus deboursé pour la Suede qu'il n'a receu, et qu'on ne lui donne pas ses descomtes. Je ne doute point que monsieur Salvius4 ne vous face avoir du contentement, à quoi je contribuerai tout ce qui m'y sera possible.
La reine-regente a faict arrester le Mercredi au soir dans le Louvre le duc de Beaufort,5 fils du duc de Vandosme, et le Jeudi de bonne heure l'a fait loger au Bois de Vincenne. On dit qu'il y [a] eu des desseins contre le cardinal Mazarini, qu'il a voulu executer à Mardi, lorsque monsieur de Chavigni au Bois de Vincenne donnoit la collation à la reine, là où on creut que Mazarin devoit venir, mais ne vinst point estant preadverti. On y adjouste qu'avant cela le duc de Baufort avecq d'autres estoit venu à la carosse [de] Saint-Simon,6 croyant que c'estoit allé du cardinal Mazarini pour ce que toutes deux sont couvertes de violet, et qu'y regardant il avoit dit: ‘ce n'est pas icy que nous cerchons’. Toute la cour et mesme le duc de Guise et ses parents ont offert leur service audict cardinal, tellement qu'on croit qu'il n'y aura pas plus de mal.
Le duc Charles continue à travailler icy. Monsieur de Chavigni partira en peu de jours et par la Meuse ira vers l'Hollande et de là à Munster. Monsieur d'Avaux suive peu d'après, et monsieur de Servien ira en Italie. Le comte de Harcourt avant que d'aller en Angleterre attendra les nouvelles de monsieur de Crassy, qui y est allé pour sonder les humeurs tant du roy que du parlement.
Je demeure, monsieur,
le vostre.
Bovenaan de copie staat: A m. Marini.