Monsieur,
Je n'ay pas gran[d]-chose pour vous mander à ceste heur, horsmis que Jean de Vert, qu'on dit estre à Costance,2 continue à bloquer Uberlinghen3 et que le passage par la Suisse et les Grisons n'est pas encor accordé,4 le nonce du pay[s] y mettant beaucoup d'empechement.5 Ce nonobstant, Copet a fait passer CCC hommes à Costance delà le
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Rhin,6 et c'est par connivence du gouverneur de Hohetvil,7 qui ne s'y oppose plus tant despuis que les ministres de France ont eu ordre d'en assister au possible ceux de Venise. Mais avec tout cela il faudra avoir le passage par la Suisse et Grisons, si la Republique sera obligée de continuer la guerre, comme il y a apparence qu'elle le fera avec la ligue, tous ces traittés du cardinal Bichi8 trainassant trop et ayans plus des ceremonies que des realitez.Nostre guerre contre le roy de Danemarc a un bon commencement.9 Dieu veuille que la fin soit aussy bonne, car apparemment il y aura assez à faire devant que la terminer. J'en suis extremement marry à cause de mon particulier, craignant d'y estre abbandonné tout à fait si je ne m'en retire en Suede, car icy sans argent il m'est impossible plus longtemps entretenir ceste charge. C'est un bon affaire que le secours d'argent pour la Suede est derechef expedié et que vous en pouvez retirer vostre part, et en tel cas ce seroit bien peu de desadvantage pour vous, s'i[l] vous plaisoit de m'accommoder de deux ou cent dalers.10
Je me reccommande à vos bonnes graces et demeure, monsieur,
le vostre,
C.M. m.p.
De Zurig, ce XI de Jenvier l'an 1644.
Le traitté de paix en Italie s'accroche sur ce que la France veut exclurre tout à fait l'Espagne de l'interposition d'icelle, dont on dispute à ceste heur à Venise.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 4 Febr. 1644.
En in dorso: 10 [sic] Ian. 1644 Marin.