Monsieur,
Il y a quelques sepmaines que vostre courier de Paris n'arrive à temps à Lyon, ce qui a fait que je n'ay point receu de vos lettres Samedy passé, lesquelles néantmoins j'atten[s] avec impatience pour sçavoir la conclusion du traitté avec la France,2 dont dépend le payement de mon gage et la délivrance de M. le général Horn,3 qui m'a reccom[m]andé cest affaire pour luy en donner advis le plustost qu'il se pourra faire.
Je vous envoye mes lettres de Suède ouvertes et vous supplie per omnia sacra de s'interpo-
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ser pour moy tant envers M. Heuf que le sieur Salvius,4 afin qu'ils m'accom[m]odent provisionellement de quelque peu d'argent, car je pren[s] Dieu en tesmoin que je suis en telle nécessité avec ma famille que j'ay honte de le dire, surtout à ceste heure que la grossesse de ma femme5 me fait accroistre la despence. Commiseratione certe sum dignus, quod functionis istius causa me meaeque coniugis res tantum ad stipem non redigam. Et qui se fieroit de moy d'advantage, Mon.r, pour me prester plus d'argent, puisqu'on m'abbandonne de telle façon sans mesme me donner aucun congé honneste pour me pouvoir despestrer honnestement de ceste charge. La tristesse de coeur certes a saisy en sorte mon esprit à cause de ce traittement que je reçois de la Suède après tant de services faits, que je m'estonne de ce que je ne tombie [sic] en quelque dangereuse maladie dont Dieu me veu[i]lle préserver par sa grâce pour ne laisser ma pauvre femme avec sa famille en dérision et opprobre à tout le monde.Je me reccom[m]ande à vos bonnes grâces et demeure à jamais, monsieur,
vostre serviteur redevable
C. Marin mp.
De Zurig, ce 25 de Mars l'an 1641.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 16 April.
En in dorso: Marini 25 Mars 1641.