Monsieur,
Je ne vous manderay pas gran chose pour ce coup, faisant baptiser ce jourd'huy ma fille2 que Dieu m'a donnée et de laquelle Mon.r le mareschal Horn3 est compère, sa place ayant tenu au baptesme Mon.r Rhon,4 capitaine des gardes du roy très-chrestien, gentilhomme fort bien affectionné à nostre party. Je pren pour bon augure qu'en mesme temps nous recevons icy tant des bonnes nouvelles de la victoire de Volfenbuttel5 et qu'après cela on ait obtenu une autre plus grande. Dieu veuille que je reçoive bientost quelque chose de bon pour mon particulier, estant à ceste heur contraint de nourir deux personnes plus d'ordinaire.
Nos Suisses sont en continuelles délibérations sur le rappel de leur trouppes de France et s'assembleront le 18 d'Aoust à Bade6 pour se résoudre là-dessus catégoriquement, si la France leur refuse la neutralité de la Comtée qu'ils demandent. Mais j'espère que les protestans n'y consentiront point. Cependant les cattoliques ont défendu à leur milice de ne porter les armes hors du royaume de France soubs peine de la vie, le député de l'empereur et d'Espagne7 s'estant pleint du dommage que la Flandre en reçoit, et tant l'empereur que l'Espagnol ont demandé à Bade qu'on rappelle la milice de France. Je travaille icy pour retirer les protestans du précipice dans lequel les cattoliques tâchent de les jetter, et espère qu'ils ne suivront pas leur advis en cela.
Je demeure, monsieur,
De Zurig, ce 22 d'Aoust [sic] l'an 1641.
le vostre
C. Marin mp.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 14 Aug.
En in dorso: 22 Iulii 1641 Marin.