Monsieur,
Ie m'estonne que ie ne reçois point de responce à celles que ie vous ay escrit
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depuis le commancement de Mars en çá, vostre dernière du 18 de Mars2 m'ayant seulement adverty de la réception de la mienne du 22 de Febvrier3. Du depuis les vostres me manquent et iugeant par le passé que vous aurez sans doute respondu à toutes, ie suis en peine de leur interception. Vous ferais bien d'addresser d'ores en avant les vostres au sieur Tschudy4, secrétaire du roy5 à Coire si come ie fais sans payer aucune chose pour le port d'autant que tout va dans le paquet du roy.L'Estat de nos affaires en ces quartiers vous verrez par l'enclose6 que ie vous reccomande.
Les impériaux font porter le grain de l'Austriche au Tyrol pour en nourir la soldatesque qui y commence à arriver au nombre de quelque deux mille hommes pour divertir mon.r le duc7 de l'invasion du Comasque. Cependant les prattiques Espagnoles commencent à se glisser dans le corps Rhétique où le peuple est malcontant des articles acceptez8, disant que leur chef ont esté corrumpus par argent, et que plus ils peuvent obtenir de l'emp.r9. Le gran mescontentement général qui se trouve tant icy qu'en Suisse pouroit bien causer de grands malheurs si mon.r Priauleau10 par son retour ne porte quelque satisfaction à ce peuple variable.
En Italie nous verront ce qu'on faira quand les François sortiront en campagne, et s'il n'y font d'abord quitter le Parmesan à l'ennemy il est à craindre qu'ils perderont ce qu'ils ont du reste d'affection en Italie.
I'espère que le roy pourvoira à tout pour maintenir les alliez en bonne affection et union envers sa couronne, qui si bien est acheminée à une grandeur considérable.
Conservez-moy l'honneur de vos bonnes grâces et faites estat de ce luy qui vous est asseurement acquis, monsieur,
Vostre serviteur très obéissant
Marini.
De la Voltoline, ce 10/20 de May 1636.
N.B. Sur le point de fermer mon paquet l'on m'a délivré la vostre aggréable de 22 d'Avril11, de laquelle ie vous remercie bien humblement. Ie souhaitterois que vous me mandassiez une fois quelque bonne nouvelle de mon particulier, qui me presse extrèmement. Mais il faut que i'aye patience.
Onderaan de brief staat: Mon.r Grotius.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 4 Iuny n. st.
In dorso: 10/20 May 1636 Marini.