Monsieur,
Me trouvant grandement affligé à cause de la maladie de ma femme et d'un de mes enfans, celle-cy ne sera que pour vous reccommander tant mes affaires particulieres que cy-joint paquet,
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et suppleeray au reste par le prochain.2 Monsieur Pepliz3 me mande que l'empereur songe plus à la guerre qu'à la paix et ne veut pas ratifier encor le traitté de Goslar4 ny ce qu'on a conclu à Hamburg sur les passeports,5 comme s'il avoit la victoire entre ses mains. C'est un endurcissement de Pharao, qui le pourra ruiner de fond en comble.Une des sultanes du Gran Seigneur s'est accouchée d'un fils qui sera heritier de l'empire, et il y a encor deux autres grosses.6 C'est une nouvelle qui ne plait guerre aux Venetiens, qui ont tenu ce prince-là pour impotant.
Ceux de Suiz, Ury, Zug et Undervalden ayans receu une pension de l'ambassadeur de France font marcher 4 compagnies d'infanterie en France, et Glarone deux. Les autres suivront au mois de Mars, horsmis Lucern, Friburg et Abbazel, qui n'y veulent pas entendre.7
Les armées en Allemagne sont proches l'une de l'autre.8 Dieu veuille que les nostres soyent vainqueurs et moy resjouy bientost de l'argent que j'attend[s] de Hamburg,9 estant icy comme un pauvre Job. Dieu veuille que je le sois aussy en la conversion de sa mauvaise fortune en meilleure et que je puisse estre utilement, monsieur,
vostre tres obligé serviteur,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 17 de Fevrier l'an 1642.
Le baron Ochsenstirn10 m'escrit que je luy envoye mon chyfre. Vous m'obligeray, si vous luy en feray part de celuy que je vous ay mandé. Car au plustost je vous rendray une autre copie que je feray copier du mien.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 1511 Martii 1642.
En in dorso: 17 Febr. 1642 Marin.