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    2054. 1635 april 10. Van N.C. Fabry de Peiresc1.

    Mgr, C'est la vérité que, comme j'avois grandement compaty à vos adversités passées, je me suis infiniment résiouy d'entendre les bonnes nouvelles de ce grand et honnorable employ qui vous estoit si dignement réservé en l'ambassade où vous estes maintenant, où toute l'Europe doibt prendre tout d'intérest, non seulement pour celuy qu'ell' a au bon succès de vos importantes négociations, mais aussy pour celluy qu'elle doibt prendre en la conservation de vostre personne et en vostre satisfaction particulière, qui peult apporter tant de bénéfice au public et à la postérité ne doubtant nullement que le séiour de la France ne vous fust très aggréable, puisqu'il estoit si conforme aux veux de tout ce grand nombre d'amys et serviteurs que vous aures acquy en toute la Christienté civilisée et puisqu'il vous mettoit à l'abry de l'obstérité et inclémence de l'air de ces pays septentrionaux et à couvert des présantes bourrasques et vicissitudes de l'Allemagne aussy bien que de la persécution de vos mauvais compatriottes qui seront tost ou tard contraintz d'advouer leur tort et de mieux recognoistre vostre seule éminente vertu et probité non pareille, et conséquemment le debvoir en vostre endroit et de tâcher de s'en mieux acquitter qu'ils n'avoient voulu faire cy-devant, le vuellent-ils ou non ce que je n'avois pas manqué de tesmoigner à Mr Dupuy2 comme ie n'avois garde de manquer de vous rendre mes complimentz de coniouissance en une telle occasion,

    421

    mais comme ie laissois passer un peu de la presse que vous pourres avoir rencontré à cet abord, ie me suis trouvé surpris et prévenu de tant d'honnesteté et de courtoisie surabondante de vostre part que j'en suis tout confus d'honte de n'avoir sceu bien prendre mon temps et de m'estre rendu si indigne de l'honneur que vous me faictes, dont ie vous demande très humblement pardon bien asseuré que vostre débonnairetté n'imputera pas ceste faulte à aucun manquement de bonne volonté de ma part, puisque tant s'en fault qu'elle l'aye voulu faire comme par disgrâce.

    J'avois quasi mérité ceste mauvaise opinion de moy pour n'avoir sceu m'acquiter de mon debvoir en son temps; elle n'a pas laissé de me prévenir et combler de tant d'honneur et de bien comme elle a daigné faire par sa lettre du 28 du passé3. C'est de quoy ie la supplie très humblement et de m'en imposer telle pénitance qu'elle jugera à propos estant prest à l'exécuter punctuellement et à luy obéir en tout et partout de toutes mes petites forces bien marry que je n'aye de quoy respondre à tant de bonnes et charitables impressions que vous aves voulu prendre de moy que par des simples veux qui sont bien esloignés de l'effect, mais c'est l'excès de la bienveilhance, qu'il vous plaist me départir si libéralement qui m'a de longue main faict devouer entièrement à vostre service et ne tiendra pas à moy que ie ne vous en rende quelques preuves en ayant plus d'espérence que iamais à cet heure que vous seres attaché à la suitte de la cour.

    Cependant je vous doibs bien encores des très humbles actions de grâce, des éloges d'honneur qu'il vous plaist de rendre à Monsr. Valois4 que vous aves daigné voir de si bon oeil aussy bien que son travail en l'édition de ces petits fragments dont je me tiens infiniment vostre redevable à mon particulier et croids bien qu'il en debvroit faire autant de sa part ne pouvant asses louer vostre favorable jugement de sa vertu et de son bon zèle envers le public ce qui l'animera tant plus de bien faire à l'advenir soubs un si advantageux adveu de vostre part.

    Quant aux petites redevances que je tâche de rendre issy aux gens d'honneur qui me font scavoir leur passage, c'est bien peu de chose ayant fort peu de moyens de leur rendre aucun service de considération, mais leur honnesteté leur faict accepter la bonne volonté pour l'effect la plus part du temps en quoy certainement ie seroy bien marry d'avoir iamais manqué de rien ne d'avoir rien espargné de mon faible crédit, que si j'estois aussy heureux pour pouvoir rencontrer des occasions où j'eusse moyen de vous servir ou vos amys, quant il en viendra en ces quartiers, croyes, ie vous supplie, que j'employeray sans réserve quelconque tout ce qui sera à ma foible disposition estant comme je suis, Mgr, vostre

    De Peyresc.

    à Aix, ce 10 Apvril 1635.

    In margine boven aan de brief: Mr. Grotius.

    Notes



    1 - Copie Parijs, Bibl. Nat., Nouv. acq. Français 1572, f. 761. Antw. op no. 2022.
    2 - Pierre - of Jacques - Dupuy.
    3 - No. 2022 van 23 maart.
    4 - Henri de Valois - Valesius - (1603-1676), Frans geleerde; hij had in 1634 te Parijs uitgegeven Excerpta Polybii, Diodori Siculi, Nicolai Damasceni, Dionysii Halicarnassensis, Appiani Alexandrini, Dionis, & Johannis Antiocheni ex Collectaneis Constantini Augusti Porphyrogenetae, nunc primum Graece edita, Latine versa, cum notis naar een op Cyprus gevonden handschrift, dat in bezit van De Peiresc was gekomen. Voor Grotius' aandeel zie men dl. IV, nos. 1539 en 1540 met bijlagen nos. 7 en 8.
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