Monsieur. Je doy response aux vostres du 14e du passé et 3e du présent, très marry d'apprendre que nos maux publics qui semblent empirer, diminuent
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quelque chose du contentement que je vous désirois en vostre séjour chez nous, et nonobstant espère que Dieu nous les convertira en médecin salutaire, et continuera de vous protéger et consoler comme je l'en supplie, bien aise au reste que nonobstant nos confusions et l'élongnement de Sa Majesté on ait dejà commencé quelque chose, laquelle bien que petite me faict espérer que c'est un engagement pour faire encore mieux. Ce que je n'entendray jamais si tost que je le désire. Quant au faict qui me concerne, je vous rendz graces des remarques que vous en avez faictes avec Monsieur le President Jeannin, et de ce que vous m'en faictes espérer, ayant de provision suivant vostre bon conseil escrit à l'Ambassadeur du Roy à Venize comme il faut sur ce suject, dont j'attendray response, et cependant feray recerche des pièces nécessaires que j'ay parmy mes papiers pour vous les envoyer aussy tost que j'auray eu de ce costé là l'esclaircissement requis.Pour la nouvelle imposture qui vous tourmente et dont j'ay veu les particularitéz par un extraict de lettre2, ceux qui en ont usé de tant d'autres précedentes n'ont pas faict difficulté d'y adjouster encor celle là, qu'il sera aussy facile à vous que nécessaire de destruire, rendant notoire la vérité que vous avez de vostre costé, laquelle en fin demeurera victorieuse sur tant de mensonges.
Au surplus renvoyant quérir mes deux aisnez3, qui sont en France, pour estre instruictz par M. Vossius4, vostre bon amy, j'ay ordonné à leur conducteur5 de vous les mener pour recevoir vostre benediction, vous suppliant de les honorer de vos salutaires conseils et de les encourager à bien faire; vous m'obligerez mesmes beaucoup de les recommander particulierement au dit Sr. Vossius, et je vous en rendray service pour eux, attendant qu'ils soient solvables pour payer eux mesmes, vous priant très affectionnément me croire de plus en plus,
Monsieur
Vostre bien humble et très affectionné amy et serviteur
Dumaurier.
De la Haye ce 20e Juin 1621.
Adres: A Monsieur Monsieur Grotius A Paris.