Monsieur,
Je vous remercie bien fort de l'honneur que me faites par vostre lettre du 5 d'Aoust st. vet.2. Le sieur Betz3 ne laisse pas de travailler perpétuellement en voz affaires auxquels ie contribueray fort volontiers tant ce qui sera en mon pouvoir.
Les lettres du 26 de Juillet v. st. d'Hambourg disent qu'après la perte de Maegdebourg si longtemps défendue le marescal Banier4 avoit eu dessein d'attaquer l'ennemy, mais parce qu'iceluy se pouvoit sauver par le pont fait près de Magdebourg il a trouvé à propos d'attendre premièrement les troupes du maior Lesle5 lesquelles estoient arrivez à Minde. Depuis Stargard après avoir repoussé plusieurs assaults a esté pris par force, et croyoit-on que Maracini6 estant délivré de cette peine et avec quelques nouvelles troupes entrez dans la marche, se voulut ioindre à l'électeur de Saxen7 et qu' Hatsfeld8 s'en alloit vers le Rhin pour là appuier les affaires de l'empereur9. A Staden s'assembloit les députez de Suède et ceux de Danemarc pour accommoder les différents survenus à cause de l'archevêché de Bremen et autres incidens. Et monsieur le grand chancelier10 estoit arrivé le VIII dudit mois et style à Calmar, allant de la Holms en Suède, là où il ne lairra pas de remuer toutes les forces et les courages du royaume pour la défense des amis pour lesquels il a eu tant de soins qu'il n'a pas voulu entrez mesmes en aucune conférence de paix en laquelle on ne vouloit traiter que des affaires concernents la Suède seulement désirant monsieur le grand chancelier que la paix se fit avecq conservation de ceux par lesquels les armes avoient esté prisez. Le prince d'Orange11 se remue sans doubte ce qui servira grandement à décharger la France d'une grande partie des ennemis. Les Hollandois ont receu six navires des Indes orientales et envoyent le comte Maurice de Nassau12 pour commender à tout ce qu'ils tiennent en Brasil avecq un renfort de quatre mille hommes et des beaux desseings.
Voylà ce qui nous avons pour asteur et des grands préparatifs en ces quartiers de la noblesse, des villes, des paysans mesmes pour reculer les Espagnols.
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Je vous prie, monsieur, de croire que ie ne souhaitte rien tant que de tesmoigner par effets que ie suis
vostre très humble serviteur.
A Paris, ce 16/26 d'Aougst 1636.