Monsieur,
J'attend[s] vostre fils icy puisque vostre derniere du 25 d'Aoust style nouveau2 porte qu'il est sur son despart,3 et le serviray de tout mon coeur en toute chose qui dependra de moy, monsieur le residant de Venise4 estant des mes amis.
Les François continuent à presser Trino, y ayans achevé leur circonvallation et erigé quatre batteries d'où ils battent la ville, et le marquis de Velada5 se prepare pour leur en disputer la prise ou par une diversion et en y faisant introduire du secours. Il a receu quelque argent de Naples et Sicile, mais qui ne baste pour contenter tant de gens, dont plusiours ont de grandes pretensions. Peut-estre qu'il en recevra d'advantage de l'argent des Indes, d'où la flotte fort riche doit estre arrivée à Cadiz.6 Les papaux7 se maintiennent
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dans leur fort pris sur ceux de Venise à vive force, les liguez n'ayant peu le recouvrer; aussy ne sçait-on pas qu'ils ayent fait jusques à present aucune diversion sur les Ferrarois, où les papalins sont bien forts. Le pape a publié un monitoire tant contre les ligués8 que le duc de Cornie,9 qui a lachement rendu la ville de Castilion au gran[d]-duc, par lequel il est cité à comparoistre à Rome dans 8 jours soubs peine du crime de lese majesté et de la confiscation de tous ses biens et fiefs qu'il a sur l'Estat de l'eglise. Il est à Florence, d'où il n'osera pas sortir, estant trop noir à Rome pour n'avoir que trop favorisé les ennemis du pape. Nous verrons ce qu'en sera, car on est fort acharné l'un contre l'autre de tous deux costés.Je vous supplie, monsieur, de me faire tenir bientost ces deux cent dalers dont je vous ay escrit desja plusiours fois,10 car comme je vous ay dit, je ne puis disposer mon creancier de m'advancer plus d'argent que jusques à ce mois d'Octobre, et oultre cela ay besoing tant d'autres choses pour l'entretenement de ma famille que je ne sçay, Deum testor, où prendre tant d'argent qui y suffise. Vous obligeray en cela l'honneur de la couronne et ma propre personne, et je vous promet sur mon honneur de les vous rendre aussytost que mon change aura son effect. Ne me refuse[z] donc ceste faveur et me croyez au reciproque, monsieur,
vostre serviteur redevable,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 31 d'Aoust 1643.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 23 Sept.
En in dorso: 31 Aug. 1643 Marin.