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Monsieur,
J'ay bien receu la lettre qu'il vous a pleu me mander par monsieur vostre fils,2 arrivé icy ce jourd'huy,3 lequel j'ay mené tant chez monsieur Peplis que le residant de Venise,4 l'ayant reccommandé en la meilleure forme qui se peut. Il est arrivé tout au temps que les Grisons et les Petis Cantons ont permis le passage au baron Copet,5 qui a levé 4 mille hommes et 600 chevaux, qui doivent achever à passer dans 4 mois suivants, et si entre cy et là vostre fils fait son traitté, il pourra soubs ce benefice faire passer aussy sa compagnie avec moin de despence. C'est pourquoy monsieur le residant de Venise est d'advis qu'il y aille luy-mesme pour avec l'assistance de monsieur le baron de Degenfeld conclure son affaire avec tant plus d'advantage, et sur ce suject il portera avec soy des reccommendations necessaires au senat, où il faut traitter personnellement des compagnies entretenues durant la paix, car monsieur le residant n'en a point d'ordre et de l'attendre icy ce seroit trop long, car il en pourra estre quasi en mesme temps de retour icy et commencer à faire ses levées, ausquelles et en tout autre je ne manqueray pas de le servir pour amour de vous et de son merite, le voyant estre gentilhomme fort de bonne mine et de discretion. De reste vous apprendrons ses lettres cy-jointes.6
Je ne luy ay point parlé d'aucun emprunt, mais devant qu'il retourne de Venise je vous prie de luy escrire qu'il m'accommode de deux cent dalers, si vous-mesme n'y pouvez disposer monsieur Heuf,7 car je vous proteste devant Dieu que personne ne me veut accommoder plus d'argent que jusques à l'Octobre prochain. Je vous promet sur mon honneur que je les vous rendray à la premiere arrivée de mon change et vous supplie de ne m'en esconduire, ains m'aider en cela à conserver l'honneur et la reputation de la couronne.
Les Venetiens ont gagné quelques retranchemens à la riviere du Po,8 d'où ils ont chassé les papalins, et se battent avec eux journellement, croyans de les chasser bientost delà du Po, aussy bien que les François de prendre Trino et Pondesture, lesquelles deux places se defendent neantmoins fort bien.9
Au reste je suppleeray par le prochain ordinaire, vous suppliant de me croire, monsieur,
vostre serviteur de tout mon coeur,
C. Marin m.p.
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De Zurig, ce 7 de Septembre 1643.
Les Vinarois sont en Alsace,10 qu'ils ruineront tout à fait, et monsieur Torsonson marche contre les imperiaux.11
Je vous supplie de me mander vostre recepte pour la goutte que je commence à sentir.12
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 1 Oct.
En in dorso: 2 Sept. 1642 [sic] Marin.