Monsieur,
J'ay receu la lettre par laquelle vous me faictes entendre que les offres et propositions que j'ay faictes à la Republique ne sont pas approuvé[e]s ny de vous, ny de ma me-
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re, ny de personne de nos amis,2 nonobstant que ce que j'ay faict a esté conforme au jugement de beaucoup de personnes en ces quartiers, qui ont veu bien reussir de semblables entreprises depuis qu'ils y sont. Quoy que s'en soit, vos commendements servent partout de regle à mes actions, aussy n'entreprendray[-je] rien que je ne demande auparavant vostre avis et sois asseuré de vostre consentement. Il est vray que la levée de deux cents Suisses est moins dangereuse et embarassante, mais quoy que puisse dire monsieur Marini,3 nous sçavons bien par deça que les passages sont entierement bouclés, si bien que le baron de Coupet4 après avoir faict de grands despens est encore arresté avec sa levée dans le pais de[s] petits cantons catholiques, et que en cas que la guerre continue ces messieurs, s'ils veulent avoir de gens de ces costés, seront obligé[s] à leur demander le passage et recognoistre leur courtoisie, sans quoy il ne leurs sera jamais octroyé.Icy le cardinal Bichi faict de propositions pour la paix,5 le[s]quelles ne sont pas tout à faict rejettées. Je vis hier monsieur Corraro, celuy qui a esté ambassadeur à Paris devant monsieur Justiniano.6 Il est tenu icy pour homme franc et de grand pouvoir; m'asseure qu'il est grandement de vos amis, comme d'ailleurs m'en a asseuré monsieur le baron de Degenfeldt, et me promet de s'employer pour moy. Il m'a receu avec grande civilité et offert sa maison pour le temps que j'ay à estre dans Venise. Monsieur Degenfeldt se treuve icy,7 mais d'autant qu'il luy reste encore quelque douleur au[x] jambes, ne sort pas. Il me recommandera à touts ceux qui ont le pouvoir et la volonté de luy faire du bien. Les traictés de paix retardent un peu mon affaire; neantmoins j'espere que tout ira bien, et que je vous donneray subject de croire que je suis, monsieur,
vostre tres humble et tres obeissant fils,
C. de Cornets de Groot.8
A Venise, ce 8 de Janvier.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 31 Ian. 1644.
En in dorso: 8 Ian. 1644 Cor. de Groot.