Monsieur,
Vos lettres du 22, 93, 154 et 13/23 de Xbre5 m'ont esté bien rendues, en contr' eschange i'espère que vous aurez receu les mienes et surtout celle qui parles des affaires de Transylvanie6 dont ie vous prie avoir le soin convenable afin que le gran chancelier7 en soit adverti le plus tost qu'il sera possible.
Les affaires Grisons sont en partie payez, et pourtant passeront tous ceux qui ne soient point cassez au service du roy8, mais d'autre costé les mescontentements entre monsieur le duc9 et l'ambassadeur10 sont si grands que le dernier est prest pour s'en aller.
De la paix i'en croy fort peu si la France ne voudra commettre quelque lascheté en abandonnant les intérests d'Italie et d'Allemagne tout ensemble et rendant la Lorraine dont la restitution les Austrichiens poursuivent tant aussy bien que de Pinerol. Ie veux toutesfois espérer le contraire, et moyenant que la France soit en repos au dedans, le cardinal11 ne manquera point de poursuivre son desseing avec l'aide de nos braves Suédois qui ores font trembler toute l'Allemagne. C'est bien un gran coup d'estat si le roy d'Hongrie12 détint l'élection d'un roy de Romain come on croit qu'elle se fera asseurement le mois cy proche que avec le temps la maison d'Austriche pourra faire son revanche de la France qui ores luy fait tant de mal par les Suédois.
Je demeure, monsieur,
Tout le vostre
C. Marin.
Je vous reccomande mon paquet qui contient la duplicate de ma dernière13.
22
De Chiavenne, ce 2/12 de Jenvier l'an 1637 à l'entrée duquel je vous souhaitte de par l'Eternel toute sorte de prospérité.
Les Contois recerchent par les Bernois le roy pour la neutralité, laquelle ie ne croy point qu'ils obtiendront.
Boven aan de brief schreef Grotius: rec. 3 febr.
In dorso: 12 Ian. 1637 Marin.