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Monsieur,
Il y a desjà quelque temps, que je donnay à monsieur Dor2 un pacquet pour le vous envoyer, dans lequel vous aurez trouvé avec ma lettre3 les feuilles, que vous désirez pour monsieur Lindenbrug4. Et par le mesme moyen je donnay au Sr. Dor une lettre pour monsieur Vossius5, dans laquelle je luy escrivois comme j'avois receu les épistres contre Gotheschalcus6. Depuis monsieur Marbaud7 m'a rendu vostre dernière lettre du 11. Septempbre dernier8, que je fis voir à vos amis, qui y sont nommez, qui vous remercient tous de la souvenance que vous avez d'eux.
Monsieur Saumaise9 estoit déjà parti pour s'en aller en Hollande, par la voye de Calais, où il se devoit embarquer dans un vaisseau de guerre; nous n'avons pas encore avis qu'il y soit arrivé.
Ce que je vous avois escrit, par ma dernière lettre10, du fils de monsieur des Hayes11, sur le bruit qui en couroit alors, n'estoit encore arrivé, mais cela s'est exécuté depuis à Besiers le roy12 y estant, par le jugement de sept maistres des requestes, après qu'il eust esté ouy par monsieur le garde des sceaux13, monsieur Boutillier le père14 escrivant ses responses. J'ay veu depuis le Sr. des Hayes, qui en est grandement affligé et non sans raison, cela estant si sensible. Et hier après disner arriva l'avis de la décapitation qui a esté faite dans Tholose le 30 de ce mois, du duc de Montmorency15, suivant l'arrest de la cour.
Monsieur le frère du roy16 est maintenant à Tours ou à Champigny et le roy est par les chemins pour s'en revenir icy, où l'on tient qu'il sera devant la fin de ce mois.
Pour ce qui est de vostre affaire, monsieur de Seve17 m'a escrit de Lion la lettre que je vous envoye, laquelle ayant fait voir à monsieur le président Lusson18, pour sçavoir de luy ce que j'aurois à y respondre, il m'envoya le billet cy inclus, suivant lequel j'ay escrit aux Sr. Seve de faire au mieux qu'il pourra et de quiter
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jusques au tiers, si l'on ne pouvoit mieux faire. De ce que j'apprendray vous en aurez avis, et n'ayant autre chose à vous dire je finiray après vous avoir humblement salué avec madamoiselle vostre chère moitié me disant toujours,Monsieur,
Vostre très-humble serviteur
Jeh. de Cordes.
De Paris ce 5. Novemb. 1632.
Je vis hier au soir tout tard monsieur Bignon19, qui se porte fort bien, grâces à Dieu; il a eu depuis peu un fils20 et vous baise les mains.