Monsieur,
Le pacquet que i'ay receu avecque vostre lettre du 11 d'Aougst2 a esté incontinent par moy envoyé à monsieur le grand chancelier3 qui est maintenant en Suède pour disposer ceux qui y gouvernent4 à faire des grands effets pour réparer la perte de Magdebourg et Stergard.
Les remuements du prince d'Orenge5 contre les Espagnols ont desià fait reculer ceux qui s'estoient jettez dans la France lesquels au lieu de piler Paris se contenteront de se tenir sur les rives du Somme n'ayant encores attaqué aucune place depuis la prinse de Corbie. Les Hollandois ont receu sept navires des Indes Orientales, où ils ont establi le commerce avecq la Chine et envoyent des belles troupes dans le Brasil, comme vous aurez entendu par mes dernières6, si tant est qu'elles soyent pervenues à voz mains.
Nous ne voyons pas bien clair encore à la conduicte des Anglois. Il faudra attendre, comme il semble, l'issue de la négotiation du comte d'Arondel7 à Ratisbonne: comme aussy ce qui se passera entre eux et les Hollandois, qui ne se disposent pas à vouloir laisser dixiner l'hareng. Si on peut accommoder ce différent et attirer la Bretagne à quelque bon traité avecq la France, on pourra espérer le relèvement de la pauvre maison Palatine, laquelle autrement semble demeurer sans resource.
Pour vostre particulier ie n'ay pas manqué et ne manqueray pas de contribuer tout ce qui me sera possible, comme voulant estre à jamais
vostre très humble serviteur.
A Paris, le 2 de septembre MDCXXXVI.