Monsieur,
Après un long silence ie vien de recevoir vos très aggréables du 192, 16/26 d'Aoust3, et du 2 de 7bre4 tout en un mesme temps, d'autres dont vous faites mention ie n'en ay point receu, vous suppliant de les addresser d'ores en avant a u sieur Sprecher5 ou monsieur Tschudy6 à Coire, ou bien s'il vous voules à monsieur l'ambassadeur de France Anier7 qui vous baise les mains et s'offre qu'en les luy addressant il me les faira tenir à Chiavenne.
De nouveau nous n'avons rien icy horsmis la continuation des misères dans la Voltoline, où les paysans estant morts partie par la peste, partie se retirer çà et là. Les soldats mesmes font la vendange, et consument en un mois ce que leur devroit durer tout un an entier: de façon que ie ne tireray la moindre chose de nos rentes pour cest année. I'eusse espéré bien autre chose de ceste armée par le mal gouvernement de laquelle les bons protestans pâtissent plus que les rebelles mesmes. Sed ferendum est quod mutari non potest8. I'espère de voir une fois les effets de vos espérances que me donner touchant le payement de mon gage.
Les Grisons veulent résigner leur compagnies. Leur six régimens ausquels on doit la paye de dix mois n'ayant receu que 80m francs: pourtant l'ambassadeur de France s'en va à Coire pour les appaiser dereschef en quelque façon s'il est possible.
En Italie on ne fait aussy rien et est-on en doute si nos Suédois seront plus heureux après les pertes de Magdeburg et Stargard.
Dieu ve[u]ille assister les siens, et nous maintenir tous en sa sauvegarde.
Je demeure passionément, monsieur,
Vostre serviteur très obligé
Marini.
Ce que ie vous ay escrit de monsieur Hofkirch9 ie vous prie d'en avoir souvenance et envoyer l'enclose par pronte addresse.
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P.S. I'adjuste icy celle de monsieur Tschudy; par son advis vous pourrez addresser les vostres au maistre des postes10 à Lyon sans aucune despence. Vous verrez aussy icy ce que le baron Hofkirch escrit au gran chancelier11.
In dorso schreef Grotius: oktober 1636 Marin.
Boven aan de brief: rec. 22 oct.