Mon cher vieux2.
Ie ne doubte point que vous n'ayez une ioye extraordinaire à l'abord de la bonne nouvelle que ie vous mande qui est que Dieu a tellement bénit les armes du roy que nous avons secouru Cazal en gagnant une bataille de la sorte que vous contera le sieur de Nestier3. Ie remets à monsieur de Roque-Servières4 et à touts voz amis à vous en mander le détail, et pour moy ie me contenteray de vous dire que i'ay l'honneur de commander aux plus braves gens de la terre, comme vous verrez par la relation5. Il faut que ie vous die encores que monsieur de Turenne6, monsieur du Plessis7 et monsieur de la Motte8 sans oublier le brave Bourdet9 et Roque-Servières y ont faict des merveilles, et pour moy i'ay essayé de m'approcher le plus près d'eux que i'ay peu pour tascher à remarquer leur belles et généreuses actions, qui sans mentir sont au delà de tout ce que l'on en peut dire. Ie croy que la grande perte d'hommes, d'attirail, et de munitions de guerre que les Espagnols ont faitte nous donneront peut-estre moyen d'assiéger Thurin. Ce sera à vous, fidelle pilier du pauvre Henry de Lorraine, à solliciter que l'on me donne les moyens d'en mieux sortir que n'a pas faict le marquys de Leganez10 de Casal.
Ie vous prie d'y apporter voz soings accoustumez et de croire que i'ayme le vieux de tout mon coeur.
Du camp de Montaffy en Piedmont, ce 4me May 1640.
Boven aan de brief met andere hand: Lettre de mons.r le comte de Harcourt à mons.r Faret.