Monsieur,
I'ay receu vos deux lettres du 13 et 20 du finissant2 tout à la fois ausquelles ie respondray briefvement à cause de nos festes de Nouel, me réservant un'autre temps pour vous entretenir plus amplement.
Sur ce que me demandez de l'autheur de l'escrit Alleman3, c'est un chanoine de Costance, homme d'Estat, qui par des espions a appris les mescontantemens de quelques colonels Vinarois d'entre lesquels il y a un qui s'appelle Tschanbek4 qui n'a pas voulu signer les articles du traitté5 qui font bien quelque mention de la Suède et des confédérez, mais en effect la France y gouverne toutes les places absolument et suis-ie de vostre advis que l'armée Vinarienne se desbandera peu à peu si on n'y pourvoit à bon heure.
Les trois régiments dans Ringau ont esté ruinez de gayeté de coeur, car on ne les a pas secourus à temps.
Les cantons romanistes sont sur le point de rompre avec la France, mais les seuls protestans les tiennent encor en suspens qui à mon advis ne se lairront point desbaucher par eux, tant que la France les traitte bien et avec laquelle ils sont à cest'heur en assés bonne intelligence.
Le colonel Amrin6 est arrivé à Lucerne come triomphant de ses actions infames, disant qu'il sert au duc de Savoye7 come il a promis lequel le magistrat de Lucerne fomente contre toute raison.
L'interprète de l'ambassadeur de France8 y devoit arriver la sepmaine
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passée avec des lettres du roy9 aux 6 cantons romanistes et aux 13 par lesquelles on demandera raison de cest'acte infame en protestant de tenir pour ennemys tous ceux qui y contrediront. Aussy est ce un'affaire qui seul pourroit un iour allumer la guerre dans la Suisse. Les Espagnols cependant arment de tous costés pour former une nouvelle armée dans Tyrol à desseing d'entreprendre bientost quelque chose sur Hohetvil ou faire d'autres diversions auprès du Rhin ayans à son commandement les Grisons et les Suisses romanistes.Quant à mes intérests i'atten avec impatience le parachèvement de ce que monsieur Heuf10 me doit, vous suppliant d'obtenir de luy cependant deux cent dalers dont i'aurois besoing.
Au reste ie me remet à cy-jo[i]ntes nouvelles de Milan11 et demeure passionnement, monsieur,
Vostre serviteur de tout mon coeur
C. Marini.
De Zurig, ce 25 de Xbre 1639.
Les Espagnols n'ont perdu au passage des François de Chier que mille hommes que tuez que blessés en tout et mon correspondant m'escrit que 500 seulement sont demeurez sur la place.
Vous sçavez que nos Suedois se sont rendu[s] maistres de la ville de Bauzen et surpris la forte place de Bessen auprès de Landsperg.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 18 Ian.
In dorso: 25 Dec. 1639 Marin.