Très-excellent et très-illustre Prince,
Monsieur de Maurier2 disnant avecques nous, aprez que monsieur Polheim3 eut faict son accord, j'ay dict que je m'estonnois qu'on faisoit si peu d'estat des vives remonstrances que j'avois faict à monsieur le chancellier de France4 sur la grande violence faicte à Poissy aux gens de vostre Altesse, et que pour jetter la faute sur les innocens on avoit pris des informations de ceux qui estoient intéressez ou de ceux qui n'en sçavoient rien, omettant ceux qui en avoient la vraie cognoissance et estoient hors d'intérests. Sur quoi monsieur de Maurier ayant envie d'escrire en cour, j'ai dict qu'il le pourroit faire, mais non pas comme requis de moi qui avois satisfaict ayant parlé au chancellier et lui envoyé l'extraict de la lettre de vostre Altesse qui debvoit suffire pour faire administrer bonne justice. Monsieur du Maurier, non obstant cela ayant escript en cour, m'est revenu voir et m'a monstré une lettre fermée laquelle il disoit estre escripte à monsieur le chancellier sur le dict faict. Je l'ai remercié de la bonne affection qu'il avoit tesmoigné; mais sur ce qu'il désiroit que je prinsse la lettre pour la bailler à monsieur le chancellier j'ay dict ne le pouvoir faire, puisque la lettre n'estoit pas adressée à moi, et quand mesmes elle eut esté adressée à moi, que la coustume requeroit qu'on m'en eust envoié une copie. Que je n'empeschois pas que lui, qui de son mouvement avoit obtenu la lettre, ne la baillast au chancellier s'il le trouvoit à propos. Je voi par toute cette conduicte qu'on ne va que par supercherie et ne voulant pas que la vérité soit cogneue, on cerche de jetter sans subiect la faute sur d'autres. Sur quoi j'ay creu estre mon devoir d'escrire celle-cy à vostre Altesse et d'attendre ses commandements, non seulement sur cecy, mais aussi sur tout où je la pourrois servir, comme estant, très-excellent et très-illustre prince,
de vostre Altesse le très-humble
et très-obéissant serviteur
H. de Groot.
Le 8/18 d'Aougst 1640, à Paris.
Très-excellent Prince,
Je voi que ma peine et celle qu'a prins monsieur du Maurier n'a pas esté du tout
460
inutile. Car la lettre du roi5 n'a pas laissé d'estre baillée à monsieur le chancellier de France, qui a emvoyé aujourdhui à moi deux fois son secrétaire6; la première fois pour avoir de moi cognoissance de ce que je sçavois, ce que je luy ay dict succintement et selon la vérité. Depuis il est revenu pour me dire, puisque je me plaignois que l'information n'avoit pas esté bien prinse, que je voulusse envoyer à monsieur le chancellier les noms de ceux qu'on pourroit ouir. J'ay promis de le faire et y travaille mainctenant. Depuis me sont venu voir le lieutenant-criminel et procureur-général de cette ville soubs laquelle est Poissy, et qui avoient conduist l'information disants que depuis quelque temps ils n'avoyent rien faict en cet affaire pour ce qu'ils avoyent apris que l'affaire estoit accordé et avoit cousté à ceux de Poissy trente mille livres.Adres: Au très-excellent et très-illustre prince Charles Gustaf, comte palatin du Rhin, duc de Deux Ponts etc.