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    4798. 1640 augustus 23. Van Ch. Marini1.

    Monsieur,

    Encor que mon esprit pour le présent soit fort troublé à cause de la maladie de ma femme2, ie ne veux pourtant obmettre de respondre à la vostre du 7 courrant3 puisque vous y touché un peu les affaires de Boïme, ma patrie, dont ie ne sçay au vray si vous estes bien informé. Je ne veux pas nier, quod male agendo causam bonam corruperimus, et que tant la précipitation des ministres de l'empereur hors de la fenestre4 que l'élection d'un nouveau roy ont esté desvotés, qui pouroyent estre maniés en tout autre façon, qu'on n'a pas fait. Mais faut-il s'estonner tant, qu'un peuple libre et élevé en richesse, quand il est poussé au désespoir, ne surpasse les bornes de son devoir, veu que mesme les plus sages hommes du monde ne sont le plus souvent maistres de ses passions, sed quisque accendendo bello acris per turbas et discordias patriae aliquando salutem quaerere solet, maxime ubi vana ad avitas leges et principum fidem est provocatio, quam novi dominatus

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    insatiabilis cupido irritam et apud nos fecit5. Les Boïmiens ont esté de tout temps libres en l'élection de leur princes et rois, ce qui monstre évidemment non seulement la bulle d'or6, mais aussy nos loix fundamentales, dont l'âme parle expressément de potestate et electione regis, qui a esté si libre que mesme on a pris des rois de ceux du pays mesme, et encor qu'on ait enduré en suitte quelques ans de la maison d'Austriche, ç'a esté néantmoins par un libre suffrage de tous les trois estats de Boïme, ausquels il a falu tousiours donner un revers, que ce ne seroit au préjudice de nostre liberté. L'élection du Ferdinand 27 a esté forcée et favorisée par les papistes et parce qu'il avoit promis de maintenir exactement nos privilèges, ne se mesler du gouvernement pendant que Mathias8 estoit en vie, ayant par-après contrevenu à tout cela et, qui pis est, conclu à ce desçeu des estats des traittés avec l'Espagne fort préjudiciables à nostre liberté, on a eu raison de s'en ressentir. Adjousté à cecy que les charges du royaume ont esté pourveues quasiment des seuls cattoliques en privant les protestans contre nos loix - les consciences en plusiours endroits violées et l'hostie par force ingérée dans la bouche de quelques-uns du même peuple, oultre que defensorum evangelicorum conventus advoué par cy-devant sub Rudolpho9 litteris Majestatis avoit par-après esté défendu et toutes ces assemblées interpretées pour une rébellion formale. Aderat nimirum tempus quo decretum Romae cusum de exstirpandis haereticis exequendum erat10 et les papistes ne cerchoyent qu'occasion de le faire comme vous le sçavez mieux que moy, ut scilicet Austreaci sub specioso religionis praetextu libertatem11 Bohemis Germanisque adimerent indeque sibi viam ad dominatum Europae sternerent. Estoit-il possible, monsieur, qu'une nation si libre comme les Boïmiens, où le roy n'estoit qu'un chef qui a eu la puissance limitée et ne pouvoit juger de la teste d'un gentilhomme ou personne libre sans les estats, eust supporté telles injures! Ie crois que non, et dans des traittés on ne trouvoit point aucune seureté pour qu'ils n'ont esté que des filets pour nous surprendre. Or sus les Allemans ont aidé à nous rendre esclaves, mais ils voyent à ceste heur en quel estat ils sont et si l'Austriche peut maintenir la Boïme, Silésie et Moravie, jure haereditario, inde certe suo tempore tanquam ex equo Trojano debellabit Germanos. Après la bataille on nous a osté tout à fait nos privilèges, reformé nos loix, entamé une si horrible persécution contre les protestans que mesme dans les historiens payens on n'en trouve point de semblable et i'ay après de moy un volume entier de toutes ces choses que ie vous fairay voir un jour. A la fin l'empereur nous a bannis par un édict général, qui chassoit tous ceux qui ne vouloyent devenir romanistes, en sorte que pour ce suject plus de 50 mille âmes en sont sorties l'an 1627 et 28, dont ie suis aussy le moindre, qui me console en Dieu d'estre hors du pays à cause de la conscience purement, n'ayant jamais participé à cause de mon jeune aage de ces troubles d'estat en Boïme. Dedimus profecto grande patientiae documentum et sicut vetus aetas vidit, quid ultimum in libertate esset, ita nos quid in servitute ademto per inquisitiones et loquendi audiendique commercio; memoriam quoque ipsam cum voce perdidissemus, si tam in nostra potestate esset obli-

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    visci quam tacere12. Je suis fort aise que la Suède est fort bien informée de nos libertés et n'improuve point ce que nous avons fait pour une si juste cause. Que le reste die ce qui veut, nous ne nous en soucions point, car de raison ils ne nous peuvent condamner ny ravir nostre liberté qui est notoire à tout le monde et Dieu en sera juge à son temps.

    Voilà monsieur, ce que i'ay à vous dire sur ce suject et si cela ne suffit vous en diray d'ad[v]antage.

    Ma femme a finalement avorté, ce qui luy cause des terribles douleurs de la matrice qui continueront à la longue pour combler de tous costés mes afflictions, qui sans cela sont grandes et quasiment insupportables, estant parmy eux abbandonné de ceux que ie sers avec si grande fidélité.

    Nos protestans ont publié un jeûne général pour le 19 du présant mois et entretiendrons quelques garnison à Basle.

    L'ambassadeur d'Espagne13 fait la monstre de trouppes qui sont auprès du Lac de Costance en nombre de 600 chevaux et deux mille à pied; si c'est pour se joindre avec Ghil de Has14 ou Gheleens15 ou pour passer en Italie, nous le sçaurons bientost.

    Ie demeure, monsieur,

    tout le vostre
    C. Marini.

    De Zurig, ce 13 d'Aoust 1640.

     

    Saluez de ma part s'il vous plait les bonnes grâces de monsieur le comte suédois16 et que ie luy respondray avec le prochain.

    Ferdinand I17 nous a osté plusiours privilèges, mais iamais n'ast osé parler ou revoquer en doute l'élection libre des etats en Boïme et i'ay auprès de moy un de ses manifestes par lequel il s'en purge. Mais ces derniers deux Ferdinands18 nous ont fait tout à fait esclaves.

    Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 9. Sept.

    En in dorso: 18(?) Augusti 1640. Marin.

    Notes



    1 - Hs. Den Haag, ARA. Eerste afd. coll. Hugo de Gr. Aanw. 1911 XXIII no. 9. Eigenh. oorspr. Charles Marin(i) was Zweeds resident in Zürich.
    2 - Alessandra Paravicini Capelli.
    3 - Grotius' brieven aan Marini van 1640 zijn verloren gegaan.
    4 - De ‘Prager Fenstersturz’ van 23 mei 1618, een aanslag op de keizerlijke ambtenaren Jaroslav Boržita von Martinitz en Wilhelm von Slawata, waaruit de Dertigjarige Oorlog heette voort te komen.
    5 - Vgl. Tacitus Hist. IV, 1: Duces partium accendendo civili bello acres, temperandae victoriae impares, quippe inter turbas et discordias pessimo cuique plurima vis, pax et quies bonis artibus indigent.
    6 - De Gouden Bul van 1356 omschreef o.m. de keuze van de Rooms koning, die aan de zeven keurvorsten werd opgedragen. Zie E.L. Petersen, ‘Studien zur Goldenen Bulle von 1356’ in Deutsches Archiv 22 (1966), pp. 227-253.
    7 - Ferdinand II (1578-1637), koning van Bohemen in 1617, van Hongarije in 1618, Duits keizer 1619-1637, was een onverdraagzaam en strijdbaar katholiek.
    8 - Matthias (1557-1619), Duits keizer 1612-1619.
    9 - Rudolf II (1552-1612), Duits keizer in 1576. Hij liet in 1609 aan de Boheemse stenden de zg. Majesteitsbrief uitgaan, waarbij aan alle inwoners van Bohemen gewetensvrijheid en aan de adellijke heren en vrije koninklijke steden godsdienstvrijheid verleend werd.
    10 - Vgl. Pastor, Gesch. Päpste XIII 1 (1928), p. 82, 174.
    11 - Vgl. Tacitus Hist. IV, 73: ceterum libertas et speciosa nomina praetextuntur.
    12 - Tacitus Agric. 2.
    13 - Carlo-Emanuele Casati, Spaans resident in Luzern.
    14 - Gilles de Haes, Vlaming in keizerlijke dienst.
    15 - Gottfried Huyn, graaf van Geleen, keizerlijk bevelhebber.
    16 - Vgl. no. 4629, n. 3.
    17 - De Duitse keizer Ferdinand I (1556-1564; geb. 1503).
    18 - Ferdinand II en Ferdinand III (1637-1657; geb. 1608).