Monsieur,
On nous escrit de Schafusen que monsieur Marschale2, qui a esté en soupçon d'une trahison, est dereschef libre et déclaré net et innocent, n'ayant rien entrepris contre le gouverneur de Hohetvil3 que par yvrognerie, dont ie suis fort aise à cause de sa maison, qui est une des plus nobles en Allemagne.
Je crois que vous ne tiendray plus pour feinte ce que font les Catalans, puisque le roy de France leur envoye secours et qu'ils se jettent soubs sa protection, ce qui est un affaire de gran importance, et tout fraichement on m'escrit d'Italie que les Arragonois et ceux de Valence se soyent soublevés effectivement et que dans le Milanois on craignoit le mesme, la noblesse parlant tout hautement de ne vouloir payer de plus grosses contributions que la coustume (?) ordinaire, n'estant que trop espuisés de l'argent qui y commence à manquer tant aux riches que pauvres.
Il y a aussy quelque remue-ménage à Naples et l'archivesque de Bourdeux4 eust fait un gran service et à son roy et ce peuple-là, s'il eust fait une descente dans ce royaume qui certes ne peut plus, tant est-il pressé par les Espagnols, qui par appréhension d'une rébellion font recerche de la paix à mesme les Turcs. Et en effect ce sont les vray moyens de forcer l'Espagne à une raisonable paix que sans ces soulèvements nous n'aurions jamais, et qui ont facilité la prise tant d'Arras que de Turin5, car autrement les François n'en fussent venus au but, si l'armée d'Espagne eust donné dans la France. Monsieur Harcourt6 tâche de reprendre ceste année encor ville d'Asta ou Santià ce qui luy pourroit réussir. Le prince Thomas7 n'est pas bien avec Leghanès8 et les ordres qu'on attend d'Espagne à Milan nous apporteront quelque estrange nouveauté qu'on y attend avec impatience et moy l'argent de Suède faute duquel ie souffre icy mille dommages et perte d'honneur et de réputation parmy ces peuples-cy.
Monsieur le général Banier9 empêche tant qu'il peut l'entrée de Piccolomini10 dans le pays de Luneburg ce qui importe fort et sans un combat l'affaire ne réusscira pas.
I'y joints ce peu que i'ay de Rome11 en attendant de vous quelque bonne nouvelle
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pour moy qui suis véritablement, monsieur,vostre serviteur très obligé
C. Marin ms.
De Zurig, ce 8 d'8bre 1640.
Ie vous prie de me dire, si monsieur Camerarius le jeune12 est encor à la Haye et à qui des secrétaires ie me pourrois addresser en Suède.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 30 Nov. 1640.
En in dorso: 8 Oct. 1640. Marin.