Je vous envoye une lettre qui montre la vérité de ce qui se passe le jour de la St. Jean2, ou moins le 25, devant Arras. C'est la plus estourdie témérité qui se soit faicte il y a cent ans
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et sans aucune nécessité. Si nous avions souvent de telles victoires, ce ne seroit pas pour effacer la devise qui est sur la porte d'Arras3.Voycy ce qu'un des principaux de l'armée m'escrit du 26. Nous travaillons puissamment à nostre circonvallation laquelle j'espère que dans quatre ou cinq jours que nous aurons mis en deffense, les ennemis nmus ayant donné tout loysir. Vous aurez sceu les particularitez d'une action qui se passa hier du costé de monsieur le mareschal de la Mesleiraye4, lequel poussa jusque dans le camp ennemy seize escadrons de cavallerie qui estoyent venus à la guerre. Monsieur le marquis de Gesvre5 y est demeuré prisonnier avec huit blesseures, monsieur de Breauté6 y a esté tué et quelques cappitaines de cavallerie. La guerre ne se fait point sans y perdre des gens.
Monsieur le comte d'Harcourt7 est encor devant Turin, attend son secours.
Samedy à neuf heures.
Adres: Pour Monsieur l'Ambassadeur.