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    4904. 1640 november 1. Van Ch. Marini1.

    Monsieur,

    Je trouve fort bon le conseil qu'il vous plaît me donner à cercher l'argent chez monsieur Mukel2, mais le mal est qu'il n'est pas pratticable, car tant de fois que ie luy en ay escrit il ne m'y respon mesmes. Il y a un temps, où chacun fait ses affaires à part là, où netmoins il n'y a aucun des ministres de Suède qui soit si bien accomodé comme monsieur Mukel. J'escriray pourtant dereschef en Suède à la façon que vous m'apprenez et crois

    591

    qu'il n'importe que i'aye escrit par le prochain ordinaire à nos seigneurs régens3 pour procéder en un affaire si fâcheux par de degrez d'honnesteté.

    I'ay mes livres encor dans les Grisons, d'où à son temps ie vous fairé un petit extraict des affaires des Vaudois en Boïme4, où ils ont esté depuis longtemps et quelques-uns y sont venus du Piedmont, d'autres ont conservé la pureté de leur religion du temps de Constantin le Gran, qui se sont tenus secrètement dans l'Austriche par l'espace de plusieurs siècles.

    La desfaite de quelques trouppes espagnoles par ceux de Hohetvil continue, qui en ont pris ou tué plus de deux cent et entre 30 ou vint officiers petis et grans et le reste mis en desroute. Le vice-roy de Naples5 qui passe vers Ratisbone et doit commander ceste armée du Rhin en sera mal content, ayant pensé de la trouver en meilleur ordre et forte de cinq à 6 mille hommes là, où il n'y en a point pour le présent que trois ou 4 mille pour le plus et en très mauvais estat faute d'argent. Le mesme fait que les Grisons ne reçoivent pas encor leur pensions ny aucune satisfaction en ce qu'ils prétendent tant sur les intérests de 8 jurisdictions que sur la Voltoline, où les Espagnols glossent le traitté fait entr'eux à leur mode, leur préscrivant ce qu'ils y doivent faire tant au resgard des protestans que de la justice et police, en sorte que tout y est en confusion et mésintelligence fort dangereuse entre le peuple des Grisons et les chefs d'iceluy, qui malunt perire quam errores suos agnoscere.

    Le mauvais temps retient les soldats en Italie en repos et c'est chose quasi jamais veue en nostre temps, que nous avons icy la neige et le froid si gran come si c'estoit au milieu d'hyver, ce qui fait enchérir toutes choses à mon gran regret qui faute d'argent ne puis faire aucune provision des vivres pour l'année qui vient.

    Dieu m'assiste et vous conserve en sa sainte garde et moy en vos bonnes grâces qui suis véritablement, monsieur,

    vostre serviteur redevable
    C. Marin ms.

    De Zürig, ce 22 d'8bre 1640.

     

    Monsieur Mukel m'escrit que le sieur Strasburg6 doit aller en Hollande. Dieu veuille qu'il y porte quelque chose de bon pour moy.

    Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 17 Nov.

    En in dorso: Vaudois, 22 Oct. Marini. 1640.

    Notes



    1 - Hs. Den Haag, ARA. Eerste afd. coll. Hugo de Gr. Aanw. 1911 XXIII no. 9. Eigenh. oorspr. Charles Marin(i) was Zweeds resident in Zürich.
    2 - Friedrich Richard Mockhel, Zweeds resident te Benfeld.
    3 - Zie voor hun namen no. 4461, n. 3.
    4 - Zie ook Marini's brief dd. 13 september no. 4829.
    5 - Felípe Ramírez de Guzmán, hertog van Medina Las Torres.
    6 - Paul Strasburgk, Zweeds diplomaat.