Monsieur,
I'attend avec impatience l'effect de vos espérances que me donnez par la vostre du 22 passé2, vivant à ceste heur icy en une conjoncture des affaires fort dangereuse pour moy, come le verrez par cy-iontes qu'il vous plairra envoyer par promte adresse. Que si les descontes tarderont à venir ie vous prie d'obtenir encor quelque somme du sieur Heuf3 pour m'en accomoder au plustost, estant desià sept mois passés qu'on me devoit avoir payé mon change.
Ce que vous me mandez de l'Angleterre n'est pas hors de mon attente estant à craindre que ce royaume ne souffre la mesme division que iadis Roboam4 qui cerchoit de se faire trop absolu sur son peuple; aussy croie-ie que les Anglois enviant la liberté de l'Escosse cerchent le mesme soubs prétexte de l'église et pour avoir de quoy s'excuser en non assistant le pauvre palatin5 que Dieu toutesfois à son temps relèvera.
Le résidant d'Angleterre6 devoit solliciter pour le duc de Veimar7 beaucoup de choses, surtout l'argent et bonne correspondance avec iceluy roy8, à fin qu'il fust de la France tousiours non seulement respecté, mais aussy craint, ayant son appuy ailleurs. Mais ie croy que ce sont de chimères qui ne réussiront jamais; aussy n'est-il pas bon que monsieur le duc se mette en mesfiance envers la France qui fuit son devoir.
La nuict me presse de finir en me reccomandant à vos bonnes grâces, qui suis véritablement, monsieur,
Vostre serviteur
Marini.
De Zurig, ce 1/11 de Mars 1639.
In dorso schreef Grotius: 11 Martij 1639 Marin.