Monsieur,
J'ay receu vostre lettre du 5 courrant2 vous remerciant de vos bonnes nouvelles, et en contr'échange d'icelles vous envoye cy-joint paquet ouvert qu'il vous plairra faire tenir en Suède.
Les Grisons sont dereschef assemblez à Ilanz, mais ie ne croy pas qu'ils puissent rien conclurre, les protestans ne voulans point accepter les points proposez par les ministres d'Espagne non-obstant que la ligue Grise tâche de pousser en avant l'alliance d'iceluy roy3 sans qu'on se formalise trop sur le différend de la religion protestante en Voltoline. Sans le secours du roy ils ne peuvent venir aux mains, estans trop foibles et ayant de tous costés un voisin trop puissant.
De nos Suissez il ne faut pas que vous en attendrez aucune résolution qui sente l'ancien Suisse, ceux de ce temps en ayant fort dégéneré, et sans une nécessité nécessitante ils ne feront rien, aimant de courir l'un après les dublons d'Espagne, l'autre après les escus de France.
Monsieur le duc de Veymar4 sera désormais (?) passé le Rhin ayant peu à faire en Bourgogne qui hormis Dol, Gray et Besanzon est toute conquise. Je veux attendre l'effect de vos espérances qui sans doute ne tardera plus à venir. Si vous sçavez que monsieur le gran chancelier5 vint en Allemagne ie vous prie de m'en donner advis à bon heure, aussy bien de ce qu'apprendrez de nos progrez en Boïme les advis en estant icy fort diverses.
Je demeure, monsieur,
Tout le vostre
Marini.
De Zurig, ce XI/XXI de Juillet 1639.
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Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 2 Augusti.
In dorso: 21 Iuly Marin 1639.