581
Monsieur,
En responce de la vostre du 23 finissant2 ie vous communique les articles de la paix des Vénétiens faite avec le Turc3, qui à la vérité est pour eux très honorable, ayans par l'interposition du roy de France4 et leur argent gagné ce qu'ils n'ont jamais sceu impétrer des Turcs. Cest accomodement les poussera à coopérer avec la France pour empêcher l'alliance des Grisons avec Espagne à quoy nos protestans travaillent aussy, ayans sur l'occasion des lettres que messieurs les chefs de l'armée vinarienne5 ont à desseing escrit sur ce suject à tous les 13 cantons, intimé une diète générale à Bade pour y attirer les catoliques qui autrement n'y ont pas voulu comparoistre, prétendans n'y avoir point de nécessité pressante.
A Brisac les couriers Anglois6 travaillent pour empêcher que ceste place-làne tombe entre les mains de France au lieu de s'intéresser plustost pour le restablissement des Palatins. La faction de France tient le fort de Rhin et le tiendra come ie croy jusques à ce qu'on luy puisse envoyer du secours, lequel sera résolu dans la prochaine diète, qui se tiendra le 16 de 7bre, pour tenir cependant en halaine les bons Grisons afin qu'ils ne se laissent opprimer par l'Espagnol qui pour leur empêcher tout secours s'en va faire bastir un fort à Bregenz, croyant que les petis cantons ne donront point de passage aux François pour entrer aux Grisons.
Je suis bien en peine que mon payement tarde tant à venir, estant icy combattu par tant de difficultés qui certes sont incroyables l'hyver s'approchant. Ce qui me fait derechef escrire à monsieur Salvius7 et vous prie d'accompagner par vos raisons mes nécessités.
Ie demeure, monsieur,
Tout le vostre
Marini.
De Zurig, ce 29 d'Aoust 1639 s.v.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 21 Sept.
In dorso: 29 Aug. 1639 Marini.