Monsieur,
Nous n'avons pas icy aucune confirmation de la desfaite de sept régimens saxons et impériaux par nostre Banier2, dont vous faites mention dans la vostre du 27 du passé3, croyant pourtant que les advis d'Allemagna l'auront supprimé. L'empereur4 et le roy d'Espagne5 ayans asseuré l'Italie du costé des Grisons et du Piedmont traittent à cest'heur par leur ambassadeurs6 avec les princes d'Italie, d'une conjonction des forces pour en chasser tout à fait les François réduits desià à petit pied en Italie, et sans les Vénétiens ils n'y feront pas gran chose n'ayans aucun chef de considération et les soldats françois ayans peu d'affection pour la continuation d'icelle guerre, oultre les moyens qui manquent à la France pour faire ce qu'elle voudroyent autrement.
Le cardinal de la Valette7 doit estre mort.
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Les Grisons sont dans la nasse sans aucune resource si la France n'assiste bientost sa faction qui est aux abois.
On démolit le chasteau de Chiavenne et d'autres places en Voltoline, qui autres fois ont bien cousté à la France, et d'autre costé les Espagnols démoliront le fort de Dacio sur l'Adda sans toucher à celuy de Fuentes. Le fort de Rhin est encor gardé par le colonel Guler8, qui n'en veut point sortir à l'offre mesme du payement de ses arrière gages que les Espagnols luy doivent, voulant qu'il soit tout à fait rasé plustost que de permettre qu'on y mette de la garnison espagnole, come on le recerche.
Il y a à cest'heur une diète9 qu'on tient es Grisons sur ce suject dont l'issue sans doute sera au contentement de l'Espagnol, puisque la France tarde tant à secourir sa faction, et sans icelle les Suisses protestans ne peuvent rien faire.
L'on m'asseure que le duc de Bavière10 rappelle son armée plus en bas et que les trois régimens qui estoyent au bloquement de Hohetvil s'en sont honteusement retirés dans leur[s] garnisons du lac de Costance.
Avec le prochain ie vous en donray plus de certitude, laquelle en attendant ie vous prie de me continuer vos bonnes grâces me croyant tousiours, monsieur,
vostre serviteur très fidel
C. Marini.
Le blocus de Hohetvil est asseurement quitté par les impériaux qui tous vont vers la Bavière.
De Zurig, ce X/XX d'8bre l'an 1639.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 2 Nov.
En in dorso: 20 oct. 1639 Marin.