Monsieur,
Nous nous resiouissons icy de la desfaite de l'armée Espagnole auprès de Duynes d'Angleterre et attendrons de vous, come le prendra le roy d'Angleterre2, aussy bien que l'arrest donné sur la personne de son nepveu3 dont on est fort offencé icy et ailleurs, et voudrois sçavoir le principal suject d'iceluy, car chez nous on en parle diversement, et ne puis-ie croire, que l'électeur palatin aye eu aucune mauvaise intention contre la France, qui en ceste conjoncture des affaires ne se devroyent faire plus des ennemys, car si l'Angleterre se résould contre le roy de France4, il est à craindre que les Suisses romanistes feront le mesme, voulans sans cela renoncer à son alliance et rappeller leur trouppes de la France, leur députez5 estans desià partis sur ce suject pour trouver son ambassadeur6 qui est à Soleure, neque credibile dictu est, quanto odio ferantur in Gallos homines isti affectibus adeo pravis praeoccupati.
Nous avons advis de Constantinople que le gran visyr7 qui est encor à Dyarbakyr, ne se contentant pas seulement d'avoir escrit à son maistre8 de la
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paix qu'il avoit faite avec le Persan9, luy a aussy envoyé l'ambassadeur mesme10, qui y arriva le 2 du 7bre ayans apporté la ratification d'[i]celle paix qui consiste en la partition des limites de deux rauyaumes come ils ont esté soubs Solyman11 separez sur les frontières. Cependant on arme fort contre Malte et Sicile, sans oublier en rien la Poulogne, les Cosaques ayans esté battus sur la Mer Noire.L'ambassadeur de Transylvanie12 y est aussy et fait de gran propositions en apparence, mais on ne luy croit plus, et le tient-on come pour ennemy de la Porte en cas que par la guerre contre l'Ungrie il ne se remettra point dans la faveur de l'empereur13.
I'escris en Suède du parachèvement de ce que monsieur Heuf14 me doit, et vous prie d'y adjuster vos reccomandations, car le prix de toutes choses croît en Suisse et res conjugis15 prorsus pessum eunt in Valturena, non ob aliud quam quod Rhaeti tam perfide et turpiter protestantes, qui sanguinem et bona pro ipsis profudere, prodiderint.
On parle icy d'une desfaite des (!) nos Vinariens dans le Palatinat, mais ie croy que le boiteux nous en portera de plus bonnes nouvelles, comme aussy de ce qui s'est passé en l'attaque de Prague.
Je demeure, monsieur,
Tout le vostre de bon coeur
C. Marini.
De Zurig, ce 7/17 de 9bre 1639.
Le fort de Rhin sera rasé, pour ne le donner à l'Espagnol.
Je vous reccomande cy-joinct paquet qui est important à cause du prince de Transylvanie16 dont par le prochain ie vous donray plus de particularitez.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 29. Nov.
In dorso: 17 Nov. (verbeterd uit ‘Dec.’) 1639 Marin.