Monsieur,
I'ay entendu par monsieur Turner2, non pas seulement le ressentiment que vostre Excellence tesmoigne de la détention de monsieur le prince électeur palatin3 et que vous avez le coeur navré de voir s'accroistre tous les iours les malheurs de la maison palatine mais aussi qu'ayant eu ordre tout fraische de Suède d'advancer par tous moyens la cause de son Altesse Electorale comme désirant que son A.E. auroit le commandement de l'armée de Brisac, vostre Excellence s'offre de bon coeur, et promet d'agir et de contribuer ses meilleurs efforts à l'advantage et particulièrement pour la liberté de son A.E. Il n'y avoit pas besoin qu'on se servist beaucoup de la rhétorique pour me persuader croire à la sincérité et à la promptitude de vostre affection à l'endroit de la maison palatine, puisque je n'oublieray jamais de dire à vostre advantage comme vous qu'en avez fait tant de fois des protestations ardantes inculquant tousiours que vous ne désiriez autre chose, sinon qu'on vous monstrast seulement les moyens par lesquels vous puissiez manifester et donner des preuves de l'affection que vous portiez à icelle et plus particulièrement au sang royal du roy4, mon maistre.
Il m'estoit plus nécessaire de penser à me bien et fidèlement acquitter de ce que je devois faire après avoir receu ces advis de vostre part. Je me suis donc addressé tout à l'heure à monsieur l'archevesque de Canterbury5 auquel j'en ay
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communiqué le tout sçachant scientifiquement qu'il embrasse avec très grande affection et mesnagement toutes les occasions qui le puissent rendre bastant à vous faire de bons offices. Et j'entendis hier de très bonne part que, si vous vous employez à l'aide de monseigneur le prince électeur palatin dans l'occurrence présente, ce sera une chose parfaitement agréable icy et qu'on la recevra comme un signe de la bonne volonté qu'ait la Suède pour le bien public, voire pour les intérests de la Grande Bretagne, et comme une vive démonstration de vostre affection particulière.Voila, monsieur tout ce que j'ay présentement à vous dire. Sinon que je ne sçaurois conclurre sans vous supplier de me conserver tousiours dans l'honneur de vos bonnes grâces, je demeure de vostre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.
De Londres ce 5me Decem. st.o vet. 1639.
Adres: A Monsieur Monsieur Grotius, Ambassadeur de la Règne de Suède pres du Roy Treschrestien A Paris.
Op de brief staat geschreven: 5/15 decem. Copie de mes lettres à monsieur Grotius, ambassadeur de Suède.